«Chaque fois que les remarques comme celles formulées par Youssou Ndour ont été faites à un Chef d’Etat, celui-ci perd le pouvoir… »
Après la sortie du ministre-conseiller, Youssou Ndour, dénonçant des manœuvres de l’entourage du Chef de l’Etat, Maky Sall, qui tenteraient de l’écarter du patron du Palais, SourceA a jeté son dévolu sur un analyste politique, en l’occurrence le journaliste Ibrahima Makhoum.
Dans cette interview, il a expliqué que, vu l’image et l’influence du musicien dont le réseautage dépasse nos frontières, il est judicieux d’avoir une lecture objective de ses déclarations. Ainsi, d’après le Doyen de la presse sénégalaise, les mises en garde du chef de file de «Féké Macci Boolé» doivent être prises au sérieux, en ce sens que chaque fois que de tels propos ont été émis à l’endroit d’un Président sénégalais, celui-ci perd le pouvoir.
Ça craint dans les rangs de la Mouvance présidentielle. En effet, suite à la sortie musclée du ministre-conseiller youssou Ndour, mettant en garde le Président Macky Sall, sur une perte probable du pouvoir dont le mobile ne sera autre que les machinations malpropres de son entourage, le journaliste Ibrahima Bakhoum a livré une analyse de nature à glacer le sang du camp du chef des marrons-beiges. En effet, pour l’analyste politique, accroché par SourceA, il faut bien lire à travers les lignes, pour bien comprendre «la communication» du leader du Super étoile, dont les services de Com’ ont, selon notre doyen, bien préparé le coup qui a fait le buzz. D’abord, Ibrahima Bakhoum estime que, vu sa notoriété, son image et son appartenance à un réseau international très influent, l’ex-ministre de la Culture vient de marquer, avec cette sortie, un grand point, «dans un contexte où, du point de vue de son image, le pouvoir est en difficultés et, plein de choses donnent l’impression que cela ne va pas…».
Ainsi, devant une telle réalité, les remarques du chanteur sont emplies de sens, car, si l’on se fie aux explications de l’analyste, le patron de «Féké Macci Boolé» n’a jamais fait une sortie d’une telle teneur. Ce à quoi, la star planétaire nous a habitués étant, par contre, des éloges à l’endroit de son chef de Coalition. Donc, précise le journaliste de renom, si You s’adonne à ce jeu de communication, reposant, néanmoins, sur «une vérité partagée par certains», cela regorge beaucoup de sens. D’ailleurs, dit Ibrahima Bakhoum, c’est ce que semble comprendre le camp de «Benno Bokk Yakaar», qui ne s’est pas acharné sur la personne du musicien qui dispose des moyens de riposte communicationnel (médias…) non négligeables. Cette crainte «révérencielle», qui a fait qu’aucun membre de la Mouvance présidentielle n’ait pas élevé la voix, pour lyncher Youssou Ndour, est d’autant plus vraie, selon le journaliste, que, par le passé, de grosses pointures de notre échiquier politique, à l’image d’Alioune Badara Cissé, de Amath Dansokho et tant d’autres, ont tenu les mêmes propos que le ministre-conseiller, dans des contextes différents certes, mais avec des mises en garde similaires consistant à pointer du doigt l’entourage du Chef de l’Etat Macky Sall qui n’œuvre pas pour la survie de la Mouvance présidentielle.
«Cette crainte «révérencielle», qui a fait qu’aucun membre de la Mouvance présidentielle n’ait pas élevé la voix, pour lyncher Youssou Ndour, est d’autant plus vraie que…»
Face à des sorties comme celle du ministre-conseiller Youssou Ndour, le camp de Macky Sall avait l’habitude d’élever la voix, en apportant la réplique. D’ailleurs, se souvient Ibrahima Bakhoum, «certains du pouvoir avaient demandé des sanctions sévères contre Alioune Badara Cissé, dont le seul tort fut de demander au locataire du Palais de se ressaisir pendant qu’il est temps». Un deux poids, deux mesures que tente d’expliquer notre spécialiste des questions politiques. En effet, il soutient que ce mutisme de «BBY», suite à la déclaration de la star sénégalaise, est compréhensible, en ce sens que «personne ne gagnerait à s’attirer les foudres du chanteur très influent et resauté qui n’a fait qu’alerter son patron».
L’acte, posé par Youssou Ndour, profite à celui-ci, au cas où Benno perdrait le pouvoir ou au cas où il le préserverait. En clair, le journaliste dit être convaincu que dans ces deux cas de figures, le célèbre chanteur n’aura rien à se reprocher et son image ne sera pas ternie, puisque si Macky Sall sera réélu, il se vantera de lui avoir conseillé à recadrer ses troupes et ; dans le cas contraire, il va soutenir qu’il avait alerté.
«A BBY, personne ne gagnerait à s’attirer les foudres du chanteur très influent et «réseauté» qui n’a fait qu’alerter son patron»
Ibrahima Bakhoum se veut formel. Pour lui, ces types de déclarations du «lead-vocal» du Super Etoile doivent être vus comme une vraie alerte, pour la simple raison que, chaque fois qu’elles ont été faites à l’endroit d’un Chef d’Etat sénégalais, celui-ci perd le pouvoir. Dans son analyse, Ibrahima Bakhouma est d’avis qu’à seulement, quelques mois de la prochaine Présidentielle, les mises en garde du ministre-conseiller s’avèrent sérieuses. Car, aussi bien sous l’ère Wade que sous Diouf, les mêmes remarques ont été soldées par une perte de Pouvoir.
«Cette sortie fera, pendant longtemps, très mal aux membres de Benno…»
Toujours, est-il que le journaliste pense que cette sortie, qui déplaît, sûrement, à l’entourage de Macky «va encore faire mal, très mal, d’ailleurs, pendant longtemps». Car, souligne-t-il, «Youssou, comme Yakham Mbaye, l’actuel Directeur général de Publication du quotidien national, «Le Soleil», dans leurs récents coups de gueule, ont indiqué, d’une manière ou d’une autre, que ces proches du Président Sall «sont des profitards», qui ne sont mus que par leur propres intérêts. Ce qui ne concourt pas, certainement, à la réélection du patron du Palais en 2019. Un coup dur, selon Ibrahima Bakhoum, puisqu’ils considèrent qu’ils ne peuvent pas faire face à un tel homme de réseau, presque apolitique, lui donnant la notoriété qui a offert à sa déclaration son poids. D’après l’analyste-politique, c’aurait été un politicien aguerri, des Sénégalais ou d’autres observateurs pourraient douter de la crédibilité. Par contre, mentionne-t-il, tout le monde s’accorde sur l’évidence que le chanteur est dans un terrain inconnu, en l’occurrence le champ politique.
«Si la presse a fait fausse route, c’est qu’elle a été mise, volontairement, sur cette piste… »
Autre sujet : l’utilisation des médias, entrainés sur de fausses pistes qui consistent à pousser à rapporter à la UNE de leur produit : «je suis déçu…. ». Sur ce point, Ibrahima Bakhoum soutient que sa conviction est que la presse a abattu un excellent travail, qui a consisté à reprendre ce qui a, effectivement, été dit dans les extraits de l’émission Face 2 face.
Cependant, «cette communication», qui a fait le buzz, a été faite pour «attirer l’attention des journalistes et des Sénégalais sur ce que le patron du Groupe futur médias a à dire dans l’émission». Aussi, il explique qu’en réalité, le patron de «Feké Macci Boolé» n’a pas attaqué le Chef de l’Etat, mais plutôt son entourage. Même si l’extrait le plus sensible de l’émission a été mis au-devant de la scène pour inciter les Sénégalais à suivre Youssou Ndour. De ce fait, il considère que la presse a été mise, volontairement, sur de fausses pistes, pour véhiculer le message du ministre-conseiller. Pour, ainsi, dire que You a réussi son coup!
Aliou KANE