Baldé, Guirassy, Gackou et Fada, le Quarté des sourds-muets
Dans le cercle des adversaires à Macky Sall, on leur connaissait un statut de hâbleurs, capables de hurler contre le régime en place, à la moindre occasion. Mais, depuis la sortie du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille, obligeant une bonne partie de l’opposition à ruer dans les brancards et à exiger sa disqualification pour l’organisation des prochaines élections, Abdoulaye Baldé, Malick Gackou, Modou Diagne Fada et Moustapha Guirassy se sont, subitement, mués en Quarté de sourds-muets. Qui ont, on ne sait pas pour quelles raisons, décidé d’éteindre les lampes, de se taire et de se terrer. Autre fait bizarre qui mérite que l’on s’attarde, on ne peut plus, sur l’attitude des sourds-muets : ils font le mort, aussi, dans tout ce qu’entreprend l’Initiative pour des Elections Démocratiques.
Le fait est assez rare, pour mériter d’être souligné ! En effet, alors que l’opposition multiplie ses sarcasmes contre le régime de Macky Sall, dont elle exige le retrait de l’organisation des élections des mains du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, voilà qu’un quarté d’opposants décide, on ne sait pas pour quelle raison, de faire le mort au sujet de la polémique qui ne cesse d’enfler autour de la sortie du ministre-maire de Linguère à l’émission «Cartes sur Table» de la 2STv. Il s’agit de Malick Gackou, leader du Grand Parti, qui, au lendemain de la grosse controverse suscitée par le premier flic du Sénégal, a publié un communiqué, dans lequel il n’a, nullement, fait allusion à l’affaire Aly Ngouille Ndiaye. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, l’ancien numéro 2 de l’Alliance des forces de progrès n’a pipé aucun mot, piètre fut-il, sur la polémique née du contentieux entre Macky Sall et l’opposition réunie autour de l’Initiative pour des élections démocratiques.
En lieu et place d’une condamnation de la sortie d’Aly Ngouille Ndiaye ou d’une dénonciation de la posture de l’opposition, Malick Gackou a préféré passer la main. Et s’emmurer dans un silence de cathédrale.
Baldé, ni vu, ni entendu, lorsque l’opposition brocarde lu convoi d’Aly Ngouille Ndiaye
Quand certains tirent sur la caravane drivée par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Sauf que le leader du Grand Parti peut invoquer l’argument, selon lequel, «je ne suis pas le seul dans cette situation». Et il n’aurait pas, alors pas du tort, parce que Abdoulaye Baldé, autre chef de Parti, qui, en principe, devrait assister au soleil électoral de 2019, a, lui également, préféré faire la moue.
Maire de Ziguinchor, qui a maille à pâtir avec la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), le patron de l’Union des centristes du Sénégal, qui est, à la limite, porté disparu du champ politico-médiatique, depuis quelque temps, n’a point, également, disserté sur la controverse Aly Ngouille Ndiaye. Son Parti, idem ! Aucune sortie de nature à jeter son grain de sel, dans la marmite à idées qui bout à plus de 100° sur la scène politico-médiatique, depuis, bientôt, quinze jours.
Modou Diagne Fada, l’enfant de Darou porté disparu, depuis la fin des Concertations politiques
Quid de Modou Diagne Fada ? Leader de la Coalition «Yessal Sénégal» (renouveler le Sénégal), l’enfant de Darou Mousty s’est, lui aussi, contenté d’être un simple spectateur du débat qui fait chavirer les passions, dans ce qu’il convient d’appeler l’affaire Aly Ngouille Ndiaye. Pas de sortie publique, pas de communiqué rendu public, aucun prétexte pour charger le futur organisateur des élections ou danser le tango avec Macky Sall, histoire de légitimer l’idée, selon laquelle aucune fraude n’est possible avec le fichier électoral certifié fiable à 98% par des experts de l’Union européenne.
Pour rappel, lorsque l’opposition a, récemment, boudé les concertations politiques initiées par le Président de la République, Modou Diagne Fada avait jugé opportun de prendre part à la rencontre de Novembre 2017 convoquée aujourd’hui par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, sur instruction du Chef de l’État, Macky Sall, pour une concertation nationale sur divers sujets axés notamment sur le processus électoral sénégalais.
« Chaque Parti politique est autonome et souverain pour adopter la démarche qui lui semble la meilleure en ce qui concerne cette rencontre convoquée par le ministre de l’Intérieur ce mardi 21 novembre. Notre parti, LRD Yessal, a décidé d’y prendre part pour plusieurs raisons. Nous ne pensons pas qu’il s’agit d’une rencontre de dialogue« , avait-il invoqué, à l’époque, dans les colonnes de Seneweb.
Pour nous, ajoutait l’ancien chef de file des démocrates-réformateurs, «une rencontre de dialogue dans le contexte sénégalais doit être convoquée par le président de la République pour discuter de sujets politiques précis. Mais là, nous sommes dans le cadre d’une discussion avec le ministre de l’Intérieur autour de l’évaluation de la refonte partielle du fichier électoral et autour du processus électoral. Il s’agit là de questions techniques qui intéressent tout les acteurs politiques. Et c’est la raison pour laquelle tous les acteurs politiques doivent y prendre part pour que nous puissions veiller sur le processus électoral« .
Autre leader politique, qui se réclame de l’opposition, et qui a éteint les lampes puis est allé se coucher : Moustapha Guirassy, ancien ministre de la Communication sous le défunt régime de Maître Abdoulaye Wade. Patron de la Convergence patriotique «Kaadu askan wi», victorieux des dernières élections législatives de Kédougou, l’homme est assez légitime, pour la claquer, concernant le débat suscité par la récente sortie d’Aly Ngouille Ndiaye ou sur la fiabilité ou pas du fichier électoral, que conteste l’opposition significative. D’autant que, en début janvier 2018, Moustapha Guirassy avait laissé entendre, depuis la France, son ambition de se présenter à la Présidentielle de 2019, si le Congrès de son Parti l’investit.
Le quarté, également, porté disparu, quand l’IED harcèle le régime en place
Ce n’est pas, uniquement, dans le verbe qu’ils brillent par leur absence. Loin s’en faut ! Autant le «quarté mué» n’entend pas le bruit des sirènes créé par les déclarations du premier flic du Sénégal, autant il ne s’associe pas aux activités de l’Initiative pour des Elections Démocratiques (IED), portée sur les fonts baptismaux par le Parti démocratique sénégalais et ses amis du moment. Mais Gackou, Fada, Baldé et Guirassy ne sont pas les seuls à regarder à droite, quand l’IED clignote à gauche. Dans la mesure où, Idrissa Seck et Cheikh Bamba Dièye surfent sur un autre registre, lorsque les libéraux et Cie cogitent, au sein de l’IED, sur un plan d’actions de nature à faire partir Macky Sall, à la Présidentielle de 2019. Même si, au début de l’IED, Déthié Fall, vice-président de Rewmi, s’était transporté à une rencontre de l’IED, la vérité semble plus prosaïque.
Les questions légitimes autour de l’attitude d’un quarté
Au regard de l’attitude du quarté, une foule de questions majeures se posent : Baldé, Guirassy, Fada et Gackou considèrent-ils le débat initié par le Pds et ses alliés de l’IED autour de la sortie du ministre de l’Intérieur comme inutile ? Ou ont-ils, à travers leur attitude, voulu dire aux détracteurs d’Aly Ngouille Ndiaye d’aller vaquer à du plus ô sérieux, au motif que le fichier électoral actuel est exempt de tout reproche ? Ou sont-ils en rupture de ban ? Autant d’interrogations légitimes et auxquelles SourceA n’a pas, pour l’instant, les réponses.
Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, lors de son passage à l’émission «Cartes sur Table» sur la 2STv, Aly Ngouille Ndiaye avait déclaré que, durant sa vie, il ne compte point poser un quelconque acte de nature à ternir son image. D’ailleurs, il expliquait que, jamais, il ne tricherait pour que son mentor Macky Sall gagne la Présidentielle de 2019. Dans la foulée, le ministre-maire de Linguère, répondant à une autre question de l’animateur de l’émission, Papa Alé Niang, a déclaré que, en tant que responsable de l’Alliance pour la République, il ne ménagera aucun effort, pour amener ses militants à aller retirer, massivement, leurs cartes d’électeurs pour réélire son candidat Macky Sall.
Ndèye Aminata DIAHAM