Cela fait trois ans qu’il n’a pas enfilé son «Guimb», pour défier un lutteur dans l’arène. Il a, tout de même, fallu un coup de fil, par le biais d’une parente, pour repérer Amanekh. D’un commerce facile, le lutteur de l’écurie «Lébou-Gui» voulait faire les choses en grand, pour recevoir votre Canard, SourceA, dans un hôtel. Un cadre luxueux. Mais notre insistance à rendre les choses plus simples nous a conduits dans une Salle de musculation, dans le fief même du lutteur. Le chef de file de l’écurie  «Lébou-Gui» affiche la grande forme dans sa tenue sportive : un maillot de couleur, à l’effigie du club de Teugueth FC, équipe-fanion de Rufisque. On peut commencer l’entretien. Relaxe, Amanekh se confie à cœur ouvert. Au menu : son parcours, ses années blanches, ses potentiels adversaires, la réplique à Modou Anta….

Entretien

Vous vous êtes terré à Rufisque, depuis quelque temps. Ça se passe comment, ici?

Il n’ya que la paix, ici. Les écuries sont nombreuses, certes, mais nous sommes unis. «Domou Dangou» a un combat et nous sommes, tous, derrière lui. Nous ne connaissons pas de disputes, nous sommes des Lébous, celui qui a de la considération pour nous, nous lui rendrons l’ascenseur.

Vous avez 19 combats, dont 3 défaites à votre actif. Même si vous avez connu un break, une pause forcée de 3 ans, sans activité, votre parcours élogieux vous fait-il rêver ? 

Tout à fait. J’ai connu des moments agréables et des moments désagréables. Pour en parler, ça peut prendre tout une journée. Je vais, tout juste, vous raccourcir mon parcours. J’ai entamé ma carrière, avec le  tournoi de Gaston Mbengue. Je partageais le même groupe qu’Usine Dolé, Mole 1 et Diassé. Le premier nommé m’a battu et j’ai pris le dessus sur les deux derniers. Après ce tournoi, j’avais le vent en poupe.  Je me suis offert le scalp de Khadim Gadiaga de l’écurie Roc Energie.  Boy Niang a, aussi, courbé l’échine devant moi, avant d’être freiné par Gouye-Gui dans mon élan. Je me suis, très vite, repris pour vaincre Lac Rose de l’écurie Fass. C’est  après que j’ai subi une défaite, face à Ama Baldé de l’écurie Falaye Baldé. Après cette chute, j’ai battu Moussa Dioum, avant de rester, trois années consécutives, sans combat (de 2014 à 2017).

Difficile, on peut imaginer le retard. Comment avez vous vécu cet arrêt brusque ?

C’était difficile. J’ai vécu, ces moments, avec philosophie. Et je rends grâce à Dieu. Je suis un croyant. Je n’ai pas le pouvoir de m’offrir tout ce que je veux. Comme on dit, l’homme propose, mais Dieu dispose. Le Tout-puissant, Allah l’a voulu, ainsi. Peut-être, c’est ce qui était mieux, pour moi. Je pense. Maintenant, tout ça est derrière moi. Je suis de retour dans l’arène. Je prie Allah d’éclaircir mon chemin, avec une santé de fer.

Au-delà de cette croyance, N’avez-vous pas eu un sentiment que tout s’écroulait autour de vous ?

Evidemment, le challenge sportif reste la seule survie d’un lutteur. Il était important pour moi, aussi. Mais une année blanche, ça peut arriver à tout le monde. Et les lutteurs doivent y penser. C’est comme la défaite. Ce n’est pas une chose que l’on crée pour soi. C’est vrai que je n’ai pas eu de combats, mais j’ai voyagé vers les Etats-Unis pour des vacances de moins 4 mois. Je m’entrainais, aussi, pour revenir en force. C’est pourquoi, malgré ces années blanches, je n’ai pas perdu ma force. Je m’entrainais, régulièrement. Et je prends bien soin de ma personne.

L’année 2018 a sonné comme un déclic, alors ? Je n’ai jamais douté de moi, même dans ces moments difficiles. J’ai cru en moi. C’était une obligation de revenir, très fort. Et je n’ai pas laissé l’opportunité, quand elle m’a été offerte de croiser Boy Baol, en janvier dernier. Je l’ai terrassé, pour mieux rentrer dans le nouvel an. Je prie pour que ce succès m’apporte beaucoup de bonheur, pour la suite.

Est-ce que vous n’avez pas été capricieux ?  

Pas du tout. Loin de là. Mes années blanches n’étaient pas dues à mes choix, mais plutôt aux Promoteurs. Chaque lutteur sait ce qu’il vaut, mais les Promoteurs me proposaient des lutteurs, dont j’étais au dessus, sportivement. Des lutteurs qui n’étaient vraiment pas ma pointure. Si j’ai accepté de lutter avec Boy-Baol, c’est juste que je ne voulais  plus vivre une nouvelle année blanche. Mais, à dire vrai, tout le monde sait qu’entre Boy Baol et moi, il  n’y a pas photo. Je l’avais, juste, pris pour le freiner, poursuivre mon chemin et montrer que je suis au top de mon niveau.

Après ce succès, quels sont les lutteurs, qui sont dans votre ligne de mire ?

Mais vous, aussi, moi, je suis un Champion. Quelqu’un, qui a battu Boy Niang, Moussa Dioum, Lac Rose, lutter avec Ama Baldé, Gouye-Gui,  a un palmarès en or massif ; qu’on se dise la vérité. Mes adversaires sont connus. C’est Sa Thiès dans la moindre mesure Boy Niang à qui je suis prêt à accorder une revanche. Nous sommes de la même catégorie. Pour être clair, j’attends le dénouement du combat Sa Thiès et Boy Niang, dimanche. Je suis prêt à prendre le vainqueur ou le vaincu. Je veux, aussi, Tapha Tine et Lac 2, même s’ils avaient refusé de m’accorder une chance. Maintenant, ils sont obligés de me prendre. Je suis prêt aussi à croiser Papa Sow. Si quelqu’un parmi ces lutteurs accepte de me prendre, je vais régler son compte.

Et qu’en est-il de la nouvelle génération, de ceux que tu avais déjà battus ? Es-tu prêt à leur accorder une chance ?

Non. Parles-moi d’autres choses (rires). Je veux du nouveau. Ceux qui sont devant moi. Moi, je prie le bon Dieu d’avancer, d’évoluer. C’est en cela que je crois. J’ai envie de progresser et de rattraper ceux qui sont devant. Lac 2 a  dit récemment : «je suis prêt à affronter tous les lutteurs». Je suis aussi prêt à l’affronter.

Tu dégages une assurance. C’est dire, donc, que tu as un bon état de forme et la confiance ?

J’ai confiance en moi et je rends beaucoup grâce à Dieu. J’ai opté pour la lutte, comme métier.  Et je suis prêt à prendre tout le monde (ndlr : les lutteurs du moment les plus en vue). Je n’épargne personne.

Et Modou Anta ?

Je ne veux pas parler de lui.

Pourtant,  Modou Anta a dit qu’il ne veut pas de vous. Qu’il vise autre chose que vous.

Rires. Je n’ai pas besoin de Modou Anta, même si on me payait des milliards, je ne le prendrais pas. Depuis trois ans, les Promoteurs démarchent ce combat. On n’en parle plus. Lors du combat Ama Baldé contre Papa Sow, il (Modou Anta) est descendu faire son Touss (Ndlr : chorégraphie de danse). J’étais à ses côtés, mais il n’a pas déclaré, ouvertement, qu’il voulait me croiser le fer. Modou Anta n’a pas encore fait une chose que je n’ai pas faite. J’ai plus de combats et de victoires que lui, dans l’arène. Je me frotté à des lutteurs qu’il n’affrontera jamais. Le seul lutteur de haut niveau qu’il ait croisé dans sa carrière, c’est Yekini Junior. Donc, lui et moi, nous ne boxons pas sur le même ring. Maintenant, il est libre de dire ce qu’il veut. En tout cas, «Nit, boula djiitu si neekk bou leundeum, molay wakh faane ngay took» (quand quelqu’un te devance dans une chambre sombre, il est à-même de t’indiquer là où tu dois t’asseoir. Toute chose a son temps. Modou Anta est de petite taille, il suffit de le pousser, pour qu’il tombe.

Quel est votre avis sur les affiches, Gris Bordeaux-Balla Gaye2 et Emeu Sene-Bombardier ?

Que le meilleur gagne…

Votre dernier mot pour finir

Je remercie les Rufisquois, toute la population de Mbao, la Communauté Lébou, le ministre des Sports,  Matar Ba. S’il vous plait, il faut écrire cela (Ndlr : il insiste).  Matar Ba m’a beaucoup aidé. Maël Diop de l’hôtel Lac Rose, je le remercie, aussi. Je remercie toute mon équipe, Père Yade, qui nous prépare, depuis des lustres, et mon ami Samba. Je remercie la population de Guérou, Ndéyane, Nianga, Yéne, Néndou, Nodda, Ngor, Ouakam, Yoff, Mbao, Mhiaro, Marakhtoute, la famille Lébou. Vous, aussi, je vous remercie et je suis, entièrement, à votre disposition.

Propos recueillis par Papa Djibril GAYE (Stagiaire)

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here