Les observateurs sportifs polonais ne négligent plus l’équipe nationale de football du Sénégal dans leurs commentaires. Ils ont changé d’avis, en si peu de temps, et à quelques mois du Mondial 2018, à en croire Szymon Borczuch, journaliste sportif à Telewizja Polska (télé nationale, Pologne). A Dakar pour la réalisation d’un documentaire sur le football sénégalais et ses acteurs, nos confrères se sont aussi prêtés aux questionnaires deSourceA. Et c’est pour évoquer l’avis des Polonais, la particularité de l’équipe nationale polonaise, la préparation…
La supervision des adversaires à quelques mois de la Coupe du monde 2018. La méthode la plus connue, c’est la présence des techniciens dans les tribunes et travées des stades. Ce scénario est quasi impossible, pour l’heure. En tout cas, si on se fie au calendrier dévoilé, lors de la conférence de presse de publication de la liste d’Aliou Cissé, Sélectionneur, le Sénégal ne recevra pas à la maison en direction du Mondial 2018.
A défaut, les médias de certains pays du même groupe que le Sénégal s’activent, à leur manière, pour présenter les «Lions» à leurs publics. Après les journalistes japonais, c’est au tour des Polonais de squatter les stades, les rues et les salons feutrés de Dakar, à la quête d’infos pour la réalisation d’un documentaire.
Szymon Borczuch, journaliste sportif à Telewizja Polska (télé nationale, Pologne)
Notre confrère a une mission, c’est celle de montrer l’autre facette du football sénégalais méconnue des Polonais. Parce que, dit-il, «les Polonais savent que le Sénégal se trouve à l’Ouest de l’Afrique. C’est tout. Ils ne savent pas grand-chose», a-t-il indiqué. Ce, pour dire combien le sujet intéresse le public de son pays, d’autant plus qu’il partage le même groupe avec le Sénégal au Mondial 2018.
Sadio Mané fait peur aux Polonais
Les Polonais suivent les Championnats européens et regardent la performance des joueurs sénégalais à l’image de Sadio Mané, Cheikhou Kouyaté, Gana Guèye et autres. Les grosses performances de nos joueurs ont fini, selon notre confrère, par installer une crainte dans les analyses des observateurs, qui étaient, pourtant, optimistes, auparavant. «On connait le Sénégal avec beaucoup de bons joueurs, des étoiles. Et de grosses performances dans les Championnats européens. La crainte est devenue plus grande chez les Polonais, à quelques mois du Mondial 2018. Nous voyons, chaque week-end, Sadio Mané marquer des buts en Angleterre. Nous voyons, aussi, des grands défenseurs, à l’image de Kalidou Koulibaly en Série A. Des joueurs dans l’entrejeu comme Cheikhou Kouyaté en Premier League, Salif Sané en Bundesliga. Au début, il n’y avait pas tout ce respect voué aux Sénégalais ; maintenant, plus on avance vers la date fatidique, plus notre peur devient grande. Et on est conscient que ça sera vraiment difficile».
«La Pologne n’est pas favorite»
Le Sénégal partage le Groupe H du Mondial 2018 avec la Pologne, le Japon et la Colombie. Et, difficile de se prononcer sur ce Groupe pour Szymon Borczuch. Toutefois, à l’en croire, il ne place pas la Pologne dans le lot des favoris de ce Groupe. «Ce Groupe, il est équilibré. Le Sénégal sera L’une des deux équipes, qui ira au second tour. Je ne sais pas qui sera le deuxième. Vous allez me demander pourquoi pas la Pologne ? Honnêtement, maintenant, je ne suis pas trop sûr de miser sur la Pologne dans ce Groupe», a-t-il analysé.
La force de la Pologne
«La Pologne a une équipe collective, mais mis à part, Lewandoski (Bayern Munich), Glik (AS Monaco) et deux à trois autres, on n’a pas de joueurs assez connus. Mais ensemble et dans des meilleurs jours, ils peuvent faire mal», répond Szymon Borczuch à la question de savoir si la Pologne est une grande Nation de foot.
Toutefois, le Sélectionneur sait comment tirer le meilleur de chacun, dira-t-il, pour faire comprendre qu’en dépit de ne pas avoir de grands noms, le Collectif prime. Et les joueurs savent se fondre dans les consignes du coach, à cause, peut-être, d’un discours qui galvanise. «Nous avons trois à quatre joueurs de la League polonaise dans l’effectif. Ils ne sont pas des cracks en club, mais en Sélection, ils sont supers motivés. Par exemple, Michael Pazdan, il joue dans l’axe avec Glik, mais il est toujours énorme. Sa performance face à l’Allemagne, lors de l’Euro 2016, en est la parfaite illustration. Donc, la force de notre équipe reste collective. Ensemble, ils sont vraiment forts», a –t-il expliqué.
La préparation
Le Sénégal et la Pologne n’ont pas le même planning de préparation. C’est une évidence. Aliou Cissé a opté pour des adversaires n’ayant aucune référence, avec ses adversaires au Mondial. Un choix, peut-être. Tout le contraire pour Adam Nawalka, Sélectionneur de la Pologne. Les sparring Partner sont choisis en référence au Sénégal, à la Colombie et au Japon. «On va jouer contre le Nigeria le 23 mars et contre la Corée du Sud le 27 mars prochain. En juin, tout juste, avant la Coupe du Monde on se jaugera au Chili, puis après la Lettonie. C’est des sparring Partner, qui correspondent à nos adversaires comme le Sénégal, le Japon et la Colombie», renseigne notre confère polonais. La Pologne se prépare à la maison. «Tous ces matches se joueront en Pologne. Le Camp de préparation reste le même, comme en 2016. L’équipe va rester dans la même ville, un petit village au sud du pays dans les montagnes, dans la forêt, calme. »
Issiaka TOURE