C’est un Youssou Touré, fidèle à son franc-parler, qui a reçu SourceA chez lui, dans son domicile. Très accueillant et taquin, le ministre-Conseiller du Président de la République, invité de l’émission «En Aparté», a fait les éloges du bilan à mi-parcours de Macky Sall. L’ancien Secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation et aux Langues nationales a jeté son grain de sel dans toutes les actualités de l’heure. C’est ainsi que, concernant l’éducation, Youssou Touré estime que Serigne Mbaye Thiam a, certes, beau être un bon ministre, avoir la volonté, mais, il lui aurait conseillé, quand même, d’être beaucoup plus ouvert, d’être beaucoup plus souple.
Quant à la pluie de récriminations portées contre le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le patron du Réseau national des enseignants de l’Alliance pour la République dit être mal que certains parlent souvent en des termes irrévérencieux de Aly Ngouille Ndiaye, qui a donné des preuves de sa sincérité. «Nous avons partagé la table du Conseil des ministres, pendant presque 4 ans. Mais l’homme Aly Ngouille Ndiaye, c’est la courtoisie, c’est l’humilité, c’est la simplicité, c’est un soldat de l’Etat et j’en sais quelque chose», dit-il. Youssou Touré, qui s’est plaint du fait qu’il y ait trop d’agitations dans le Parti présidentiel et trop de problèmes, regrette que tout ce qui intéresse certains de ses «camarades de l’Apr, c’est leurs propres personnes et amasser une fortune, qui, peut-être, demain, pourra les sécuriser, c’est ça leur calcul».
Dans cet entretien, le ministre-conseiller, qui croit savoir que le Chef de l’Etat et le Premier ministre ne méritent pas l’attitude de certains responsables de l’Apr, se fâche tout rouge, quand vous lui parlez du Médiateur Me Alioune Badara Cissé. Tout comme, Youssou Touré ne fait pas dans la langue de bois, lorsqu’il s’agit, pour lui, de parler de l’impérieuse nécessité d’appliquer la peine de mort contre les criminels. Par ailleurs, ergotant sur Karim Wade ou sur l’attitude du chef de file de «Rewmi», Idrissa Seck, qui, dit-il, fait montre de manque de respect notoire, à chaque fois que l’ancien maire de Thiès s’adresse à la Première Institution du Sénégal, c’est un Youssou Touré, toutes griffes dehors, qui cogne, sans retenue. Entretien à bâtons rompus !!!
SourceA : L’actualité de ces derniers jours reste marquée par des enlèvements d’enfants suivie de meurtres. Qu’est-ce que pareille situation vous inspire comme réaction ?
C’est vrai que c’est un phénomène de société. Il faut dire que nous sommes confrontés, aujourd’hui, à des pratiques mafieuses, qui posent problème. Je crois que quand le psychologue parlait de « Ndeup national», il avait tout à fait raison. Il y a des événements qui se déroulent sous nos yeux, qui relèvent véritablement, de la science fiction, à la limite. On n’arrive pas à croire comment un homme, un être humain majeur, peut égorger un enfant de trois, quatre ans. Franchement, c’est la décadence totale. C’est la décadence morale, qui nous rattrape. Donc, c’est, extrêmement, grave. Et, nous demandons au Gouvernement de prendre en charge cette question ; de faire de telle sorte que ce phénomène soit enrayé. Et que les coupables soient, sévèrement, punis. C’est pourquoi, d’ailleurs, en tout cas, moi, en ce qui me concerne, j’ai toujours été pour la peine de mort. On ne peut pas analyser, comprendre ces actes odieux.
Est-ce que le contexte marqué par la tenue prochaine de la Présidentielle pourrait expliquer ce genre de fléau ?
En tout cas, ce sont des pratiques mafieuses que l’imagination ne peut même pas comprendre. C’est le sommet de l’abominable. L’enfant, surtout en Afrique, est toujours choyé. Lorsqu’un couple n’en a pas, cela se ressent dans son discours. Il faudrait que les auteurs soient poursuivis et châtiés. On ne doit leur laisser aucune chance, si petite soit-elle. C’est extrêmement grave.
SourceA : Justement, on a constaté que l’opposition et le pouvoir ne parlent pas le même langage au sujet notamment de la modification de la Constitution liée à la question du parrainage. Êtes-vous pour ou contre ce parrainage ?
Y.T : Cette question, je préfère la laisser à ceux qui, véritablement, s’y connaissent mieux que moi. Mais l’essentiel, c’est qu’il y ait un consensus, qui puisse nous permettre, véritablement, d’aller au-delà de ce que l’on voit et de ce que l’on entend. C’est important. Qu’on comprenne que le Président Macky Sall et son Gouvernement sont en train de prendre, correctement, en charge certaines occupations. Quand même, le Sénégal connaît une stabilité économique et sociale qu’on nous a toujours enviée. Il faudrait, maintenant, arrêter ces dérapages verbaux, ces crimes et autres, ces discours qui ne vont pas dans le sens de rassurer les Sénégalais. Il faut qu’on soit ensemble, qu’on reste ensemble.
SourceA : Selon vous, est ce qu’un Parti, qui ne peut pas réunir 65 000 signatures ou bien 62 mille signatures, mérite de présenter un candidat à la prochaine Présidentielle ?
Y.T : Oui, ce sont des conséquences techniques. En effet, vous savez, c’est ça la démocratie. Le contenu de la démocratie peut quelques fois poser problème. On a besoin de l’opposition. Cette opposition est composée de Sénégalais à part entière, qui peuvent beaucoup nous apporter. De ce point de vue, il va falloir qu’on apprenne à échanger, qu’on discute, pour arriver à des consensus extrêmement forts. Qu’on parle de parrainage ou non, l’essentiel, c’est que les Sénégalais puissent se retrouver dans ce que nous sommes en train de faire. Nous ne sommes pas éternels et nous ne le serons jamais. Personnellement, l’appel que je lance à l’opposition, c’est de savoir raison garder, de faire preuve d’esprit de dépassement ; la vie n’est pas une éternité. Il faut qu’on comprenne que les Sénégalais nous écoutent, qu’ils nous regardent et nous suivent. Le discours, on doit l’obtempérer, c’est important. Il n’y a rien qui urge par rapport à ce qui est en train d’être fait.
SourceA : Mais, quand l’opposition menace d’assiéger les devantures de l’Assemblée nationale prochainement, pour, dit-elle, s’opposer à l’adoption de ce projet de loi, qu’est-ce que ça vous suscite comme commentaire ?
Y.T : C’est à l’Administration d’apprécier, pas nous. Si l’Administration, en général, et la sécurité, en particulier, estiment qu’il est possible que l’opposition fasse un sit-in devant l’Assemblée nationale, c’est-à-dire, c’est à eux d’apprécier ; et pas à nous de le faire. Mais, dans tous les cas, l’essentiel, c’est que tout puisse se passer dans les normes. Qu’on comprenne aussi que nous sommes dans un Etat de droit. Il n’est pas donné à n’importe qui de faire tout ce qu’il veut. Donc, de ce point de vue, je crois que l’opposition gagnerait à être beaucoup plus attentive par rapport à ce que nous sommes en train de faire. Parce que, si on détruit le pays, c’est nous tous qui perdrons, opposition comme pouvoir. Donc, il ne faudrait pas en arriver à des extrêmes, qui risquent de nous plonger dans des situations que, demain, nous regretterons. Vous avez vu beaucoup de pays africains, qui, depuis qu’ils ont été confrontés à certains problèmes, n’arrivent plus à connaitre la stabilité politique et sociale.
SourceA : L’opposition exige, également, le départ du ministre Aly Ngouille Ndiaye ou, à défaut, qu’on lui retire l’organisation des élections. Vous ne trouvez pas cette doléance objective ?
Y.T : Moi, je ne suis pas quelqu’un de partisan, je suis dans la majorité, mais j’estime, quand même, que l’homme Aly Ngouille Ndiaye a donné des preuves de sa sincérité. Je crois que c’est très dommage qu’on parle de lui en des termes irrévérencieux, c’est très dommage. Voilà un soldat de l’Etat et j’en sais quelque chose. Nous avons partagé la table du Conseil des ministres pendant presque 4 ans. Aly Ngouille Ndiaye, c’est la courtoisie, c’est l’humilité, c’est la simplicité. Je ne le dis pas pour lui jeter des fleurs. De ce point de vue, il faut savoir aussi respecter l’individu. Aujourd’hui, il est regrettable d’assister à certaines critiques acerbes, certains discours pour déstabiliser un homme qui a tout donné à son pays. Franchement, c’est regrettable. Tous les Sénégalais connaissent Aly Ngouille Ndiaye dans sa discrétion, c’est un homme mesuré, qui a toujours accompagné non seulement le président de la République mais aussi une bonne partie des Sénégalais. Beaucoup de Sénégalais se retrouvent dans ce que le ministre Aly Ngouille Ndiaye est en train de faire. S’il y a, maintenant, des problèmes, on corrige. S’il y a de petites difficultés, on s’assoie et on discute. Mais dire que le ministre Aly Ngouille Ndiaye n’est pas habilité à organiser les élections, c’est grave pour qui connait le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
SourceA : Mais il y a des gens qui ne comprennent pas que le Pouvoir «s’entête» à vouloir lui confier l’organisation de la Présidentielle
Y.T : Mais à combien de ministres a-t-on confié l’organisation des élections ? Jusqu’en 2012, qui organisait les élections ? C’était le Parti au pouvoir. Et pourtant, nous avons remporté l’élection présidentielle. Franchement, je me pose des questions par rapport à la lucidité des uns et des autres. Si un ministre de l’intérieur avait les prérogatives ou les capacités de faire gagner son camp, là, le problème pourrait se poser. Or, ce n’est pas le cas, actuellement. On a eu des alternances démocratiques dans ce pays. Ils sont en train de distraire les Sénégalais. Or, ce que les Sénégalais attendent de nous, comme de l’opposition, c’est qu’on se mette à leur service. Aujourd’hui, dans les hôpitaux, il y a des enfants, des femmes qui sont malades ; qui n’ont pas accès à certains soins et autres, nous devons privilégier ces problèmes sociaux-là. Et essayer de faire en sorte que chaque Sénégalais se sente concerné par ce qui est en train d’être fait. Quand le président Macky Sall est venu, il a essayé de corriger certains manquements. C’est pour dire qu’il faut que l’opposition comprenne que nous ne sommes pas dans une situation d’invectives, d’insultes et de guerre. Mais plutôt dans l’action.Quand le président Macky Sall est venu, il a essayé de corriger certains manquements. C’est pour dire qu’il faut que l’opposition comprenne que nous ne sommes pas dans une situation d’invectives, d’insultes et de guerre. Mais plutôt dans l’action. C’est ridicule, à la limite.
SourceA : Vous faites partie de l’Alliance pour la République, qui est un Parti considéré comme une armée mexicaine, où personne ne dirige personne, où les uns font ce qu’ils veulent. A votre niveau, pensez-vous que vous êtes dans les dispositions idoines pour aller à une présidentielle et la gagner ?
Y.T : Tu veux qu’on me sanctionne encore (rires). Vous savez et c’est très dommage, mais, la réalité est très têtue. Franchement, je crois que le président Macky Sall et le Premier ministre ne méritent pas ce qui se passe au sein du Parti. C’est, extrêmement, grave. Aujourd’hui, c’est l’Apr qui combat l’Apr. On n’aide pas le peuple sénégalais, on n’aide pas le président Macky Sall. Quand on est dans un même Parti, on doit taire nos divergences et échanger en interne.
SourceA : Est-ce que la responsabilité n’incombe pas au Président Macky Sall, parce que le Parti n’est pas structuré ?
Y.T : Non, non, vous vous trompez, lourdement. Le Parti est structuré. Moi, qui vous parle, je suis Coordonnateur du Réseau national des enseignants de l’APR, même si je suis contesté.
SourceA : Mais, vous allez à la base, vous ne trouverez pas un coordonnateur que les autres ont accepté ?
Y.T : Je vais vous donner un exemple, vous allez partout à travers le Sénégal, vous verrez un Réseau départemental, un Réseau communal, nous avons des Réseaux un peu partout. Vous avez suivi nos manifestations, nos Conseils nationaux, nous avons toujours relevé le défi de la mobilisation.
SourceA : Ça, c’est le Réseau des enseignants, vous êtes structurés, mais je veux parler des autres compartiments du Parti…
Y.T : Si, Thérèse Faye (Ndlr : patronne de la Convergence des jeunesses républicaines), c’est la même chose. La Cojer est bel et bien structurée.
SourceA : Elle, aussi, est contestée…
Y.T : Même moi, je suis contesté. Tous les jours, j’ouvre un journal, on m’insulte, on me traite de tous les noms d’oiseaux. C’est ça la réalité, aujourd’hui, de la politique. La politique, ce n’est plus échanger, ni faire des propositions. C’est plutôt insulter.
SourceA : Mais, quand on vous insulte et que des sanctions ne soient pas prises, celui qui est censé les prendre, c’est, aujourd’hui, Macky Sall. S’il ne le fait, est ce que ce n’est pas lui qui est à l’origine de cette armée mexicaine ?
Y.T : Il (Macky Sall) n’en est pas à l’origine. Nous, aussi, nous ne nous aidons pas. Franchement, aujourd’hui, nous avons des problèmes à l’interne. Il y a trop d’agitations et de problèmes dans le Parti. Certains leaders ne savent pas faire montre d’esprit de grandeur. Tout ce qui intéresse certains responsables, c’est leurs propres personnes et amasser une fortune, qui, peut-être, demain, pourra les sécuriser. C’est ça leur calcul (…) Or, à beaucoup d’occasions, le Président Macky Sall attire notre attention sur cela. Comme quoi, on rendra compte, un jour. Quand on gère une structure de l’Etat, la bonne gouvernance devrait être un combat pour nous, responsables. On devrait, aujourd’hui, faire en sorte que nous puissions être plus responsables. Parce que, la transparence est importante. Donc, il nous faut cultiver la transparence et l’équité. Il ne faudrait pas qu’il y ait deux catégories de citoyens ou bien deux catégories de responsables. Demain aussi, il y aura des audits. Vous vous promenez dans les rues de Pikine, vous verrez les difficultés auxquelles les populations sont confrontées. Et il faut en tenir compte. Il y a un groupuscule d’individus qui croient qu’ils sont au-dessus de tout le monde. Parce qu’ils ont des moyens, parce qu’ils ont de l’argent. Ce n’est pas l’argent qui fera développer le pays. C’est plutôt l’éthique et la morale qui le feront. Il faut tenir compte de certains aspects. Nous sommes dans un pays qui aspire à l’émergence. Nous devons accompagner le Président de la République, pour atteindre cette émergence-là. Mais si, quelque part, on n’arrive plus à prendre en charge les préoccupations des Sénégalais, si certains responsables, parce qu’ils ont assez de moyens, se comportent d’une certaine façon, cela va à l’encontre des principes que nous nous sommes imposés.
SourceA : Aujourd’hui, l’éducation est plombée. Que ça soit au niveau élémentaire, moyen, secondaire et même supérieur, tout est en panne sèche. Selon vous, quelle serait la solution pour redonner vie à ce système éducatif ?
Y.T : En tout, si on me relève de mes fonctions, je porterai plainte contre vous (rires). Vous savez, je crois que, aussi, et c’est un appel que je lance aussi au Président de notre parti et Président de la République, véritablement, pour qu’on comprenne que l’éducation et la santé sont les deux piliers fondamentaux du développement. Donc, il faut leur accorder une priorité absolue. On a fait des élections de représentativités. Il y a six Organisations syndicales qui sont sorties du lot, qui constituent les Syndicats les plus représentatifs. On doit, donc, respecter les engagements que nous avons pris. Si le Gouvernement doit négocier avec des Syndicats, ça devra être avec les Syndicats représentatifs. C’est très important, on était d’accord au départ. Mais si, aujourd’hui, les Syndicats représentatifs sont reçus par le Gouvernement, les autres doivent avoir la patience d’attendre 3 ans pour aller à d’autres élections de représentativité. On voit 5 ou 10 personnes créer un Syndicat, mais où est-ce qu’on va avec ces Syndicats-là ? Cela pose aussi problème. C’est pour cette raison que nous avons organisé des élections de représentativités. Il faut qu’on soit très sportifs, par rapport à ça. Il est aussi important que le dialogue soit permanent. Nous, par exemple, nous avons une certaine expertise du système éducatif, une certaine expérience. Nous ne sommes pas sortis du néant. J’ai créé, ici, mon Syndicat l’OIS, qui, à un certain moment donné, évidemment, a été à la pointe de tous les combats. Mais malheureusement, on ne nous associe pas à ces questions. Je sais que les enseignants sont braves et qu’ils méritent plus, mais on ne peut rien faire, si on n’est pas consulté.
SourceA : Mais il y a des enseignants qui estiment que Serigne Mbaye Thiam est une sorte de métastase cancéreuse. C’est votre avis ?
Y.T : Non, ce n’est pas mon avis (rires).
SourceA : Il y a des gens qui croient qu’il est une source de blocage…
Il a la volonté, mais, moi, je lui aurais conseillé, quand même, d’être beaucoup plus ouvert, d’être beaucoup plus souple. C’est un excellent ministre de l’Education, il n’y a aucun problème à ce niveau, nous nous rangeons derrière lui. Mais je crois, aussi, qu’il faut qu’on privilégie le dialogue et les concertations. Il faut qu’on se parle.
SourceA : Est-ce qu’il ne gère pas le système comme on devrait gérer une caserne. Ce n’est pas comme s’il gérait de petits soldats ?
Y.T : Vous savez, la gestion d’un Etat n’est pas du tout facile. Certainement, Serigne Mbaye Thiam est en train de donner le meilleur de lui, pour que la paix revienne à l’école. Mais j’aurais préféré, quand même, qu’il appelle ses camarades, comme nous, pour nous consulter. Parce que, moi, je suis dans le système éducatif depuis 1977. Donc, de ce point de vue, on devrait, au sein, d’abord, de «Benno Bokk Yaakaar», discuter de ces questions, de ce fait, chacun de nous, avec ses compétences très limitées, pourra donner son avis.
SourceA : Aujourd’hui, au regard du tableau du Sénégal, qui est un tableau ombrageux : l’éducation ne marche pas, l’insécurité est galopante, les risques de famine au Nord du Sénégal sont là. Mais vous, en quoi, votre régime est fort ?
Y.T : Ce n’est pas la réalité. Moi, je ne suis pas un homme d’un camp, je dis les choses telles que je les conçois. Vous savez, il n’y a pas longtemps (Ndlr : sous le défunt régime libéral), on a vécu des pénuries d’eau, des coupures intempestives d’électricité.
SourceA : Mais la panne de Keur Momar Sarr, c’est sous votre magistère ?
Y.T : Vous avez bien dit panne. Mais j’ai été à Montréal, qui est un pays, extrêmement, riche, en Italie, également un pays riche, mais on ne peut pas tout obtenir. Ce monde-là ne sera jamais un paradis, il y aura toujours des difficultés. Il faut qu’on accepte que, sous le magistère du Président Macky Sall, il n’y a plus de pénurie.
SourceA : Mais vous peinez même à aider le pauvre paysan à vendre ses graines d’arachide, les problèmes de l’éducation sont une réalité…
Y.T : Ça, ce sont des accusations gratuites venant de l’opposition. Aujourd’hui, les paysans ne diront pas le contraire.
SourceA : Le Président de la République a, lui-même, lancé récemment un cri de détresse à l’endroit des Chinois. Quand un Etat ne peut pas permettre à ses paysans d’écouler leurs produits, n’est-ce pas problématique…
Y.T : Certainement, vous avez vu des paysans contester ou bien organiser une marche par rapport à leur situation ? Aujourd’hui, le Gouvernement est en train de prendre, correctement, en charge cet aspect. Sinon, vous les auriez entendus. Depuis qu’on est là, je le dis et je le répète, c’est ma conviction profonde, parce que je vis dans ça, même le citoyen lambda le sait, il n’y a pas de pénurie de quoi que ce soit. Or, on était habitués à des pénuries. Pénurie de riz, pénurie de mil, à la limite même pénurie de tomate. Le passé est très proche.
SourceA : Les risques de famine, c’est quand même sous votre magistère ?
Y.T : Non, mais quand même, on se souvient de l’époque où Youssou Ndour chantait «békor», lors de la forte sécheresse. Le monde ne sera jamais un paradis. Il y aura toujours des problèmes. Mais, dans tous les cas, on ne voit plus des queues devant les robinets, il n’y a plus de pénurie, la baisse des prix du loyer est une réalité. En plus, la fourniture de l’électricité est permanente, aujourd’hui, même si quelques fois, il y a de petits problèmes. Vous ne pouvez plus assister à une coupure de courant de plus de 10 mn. Il y a 5 ans 6 ans de cela, on n’avait pas tout ça.
SourceA : Toujours est-il qu’il y a des localités qui sont privées de courant, y compris dans la banlieue dakaroise
Y.T : Dans la banlieue, il y a assez d’eau, il n’y a plus pénurie de riz, ces problèmes-là n’existent plus. Il faut l’accepter. Maintenant, il y aura, toujours, des faiblesses. Parce que je le répète, ce monde ne sera jamais un paradis. Il faut, aussi, que vous acceptiez que, véritablement, avec l’avènement du président de la République, Macky Sall, beaucoup de choses ont changé. Je dirai même que les choses ont, positivement, évolué. Ça, il faut le reconnaitre.
SourceA : Comment appréciez-vous le coup de gueule récent de Me Alioune Badara Cissé ?
Y.T : Je n’aimerai pas parler de Me Alioune Badara Cissé. Parce que même s’il me trouve, ici, il ne va pas me serrer la main. Nous sommes des êtres humains, souvent il y a des problèmes.
SourceA : Vous ne pensez pas qu’il soit en embuscade pour la prochaine Présidentielle ?
Y.T : Bon, il n’y a pas de problème. Quand quelqu’un estime qu’il veut ou qu’il peut être Président de la République, la voie est tracée, on est en démocratie. Mais, nous aurions souhaité que tous nos camarades fassent bloc pour prendre en charge les préoccupations, pas du Parti, mais des Sénégalais.
On vous a élus pour que vous fassiez mieux que le régime précédent, vous ne pensez pas qu’aujourd’hui, c’est extrêmement réducteur de vouloir toujours dire Wade a fait ceci, Wade a fait cela. On ne vous a pas élus pour que vous vous référiez à ce que Wade avait fait de mal…
Y.T : Ce que vous ignorez, certainement, c’est que le Président Macky Sall a beaucoup de respect pour le président Wade.
SourceA : Mais votre régime l’a trainé dans la boue. Quand il a presque accusé Wade d’avoir volé des moquettes ?
Y.T : Non, non, le président Macky Sall n’est pas dans ces choses-là. Les Présidents que nous avons connus ont eu tous un mérite quelque part. De Senghor à Abdoulaye Wade, en passant par Abdou Diouf. D’ailleurs, Me Wade, on lui doit beaucoup. Maintenant, les imperfections, on n’y peut rien.
SourceA : Allez-vous permettre à Karim Wade de rentrer au pays ?
Y.T : Franchement, vous me faites rire. Mais s’il (Ndlr : Karim) veut rentrer, il n’a qu’à le faire. Où est le problème. Même les Burkinabés peuvent entrer au Sénégal. S’il le souhaite vraiment, il pourra venir demain. C’est nous qui allons l’accueillir. Franchement, je ne veux même pas parler de Karim. Mais quelqu’un qui, durant toujours son séjour au Sénégal, en tant que ministre d’Etat, n’a même pas pu remporter un bureau de vote, ne peut pas dire que c’est ce monsieur-là qui nous posera problème.
SourceA : Il a l’appareil du Parti, maintenant…
Y.T : Quel parti ? Ce parti (le Parti démocratique sénégalais) qui est en déliquescence. Vous savez, les membres du Pds, ce sont mes amis, ils ont eu à réussir certaines choses, mais franchement, vous savez, parfaitement, que le Pds n’est plus un parti.
SourceA : Le verdict de Khalifa Sall, c’est pour bientôt. Quel message lancez-vous au juge Malick Lamotte.
Y.T : Franchement, vous voulez me rendre pauvre et misérable (rires). La loi, c’est la loi. Khalifa Sall, on ne lui souhaite pas la prison. C’est un homme qui a ses qualités, que personnellement, j’apprécie. Il se trouve que, maintenant, il y a la séparation des pouvoirs, la justice connait de ce contentieux. Nous sommes obligés, pour le moment, de ne pas commenter les faits de justice, et véritablement de prier, pour lui. Car, nous prions pour lui.
SourceA : Prier pour lui, pour qu’il recouvre la liberté ou qu’il sache endurer la souffrance en prison ?
Y.T : Non, pas pour qu’il sache endurer la souffrance en prison. Le Président Macky Sall, je l’ai toujours dit, n’a jamais souhaité la prison à Khalifa Sall. On ne peut pas souhaiter la prison à son prochain. Il ne l’a jamais fait.
SourceA : Mais il a mis le coude sur certains dossiers ?
Y.T : C’est une expression galvaudée. Vous savez, le français a des subtilités de langage.
SourceA : Mais vous avez, entre autres, le Rapport de l’Ofnac qui est dans vos tiroirs ?
Y.T : Sur ce plan, il faut que les Sénégalais soient rassurés. Le Président Macky Sall l’a dit, et il est en train de l’appliquer, il ne protégera personne.
SourceA : Et le rapport de l’Ofnac sur le Coud ? Le Dg est toujours en place, et il n’a jamais été inquiété ?
Y.T : Encore, faudrait-il que les conclusions de ce Rapport soient disponibles. Elles ne le sont pas encore. Les Inspecteurs généraux de l’Etat et autres sont en train de fouiller. Mais, il ne faudrait pas, maintenant, alors qu’on n’a pas encore les résultats, l’accuser. Même Khalifa Sall est un présumé coupable, il n’est pas encore coupable.
SourceA : On a constaté qu’à chaque fois qu’un opposant perd souvent un membre de sa famille, le président Macky Sall se rend à son domicile, ce qui est peut-être un geste noble. Mais, dans le fond, il y a des gens qui estiment que ce n’est pas trop pudique d’aller voir quelqu’un qui est en détresse, et lui tendre une main politique, pour qu’il te rejoigne ?
Y.T : Vous pensez à Bamba Fall ? Mais, Bamba est coupable de quoi ?
SourceA : C’est le cas avec Bamba Fall, Modou Diagne Fada, Ousmane Ngom. En réalité, il profite de ces moments de deuil pour aller débaucher au niveau de l’opposition. Ça ne fait pas désordre dans la culture sénégalaise ?
Y.T : Pourquoi attendre d’autres circonstances ? Un décès, c’est un décès. Il est allé tout simplement présenter ses condoléances, c’est tout à fait normal. Quand il y a malheur, on doit oublier certaines préoccupations politiques, c’est important. Ce n’est pas la politique, qui nous lie. Donc, nous devons comprendre que nous sommes des compatriotes. Maintenant, qu’il y ait décès et que le Président ou la Première Dame se déplacent, c’est le contraire qui devrait poser problème.
SourceA : C’est le discours qu’il y tient qui pose problème…
Y.T : Venez, on travaille, la main dans la main. Où est le problème dans cela. C’est le discours, c’est l’appel qu’il lance aux Sénégalais pour qu’on soit ensemble. Mais si on est ensemble, on est beaucoup plus forts. On a besoin de toutes les compétences de ce pays.
SourceA : Idrissa Seck a récemment qualifié le Président Macky Sall de sous-préfet du Président de la Mauritanie, quel en est votre commentaire ?
Y.T : Il (Idrissa Seck) ne retrouvera pas le Président Macky sur le terrain des invectives et des insultes. Le Président Macky Sall, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, c’est quelqu’un qui a toujours fait preuve de mesure dans ses propos. Donc, on ne l’a jamais entendu s’attaquer, de façon aussi «bête et méchante» à la Première Institution du pays. On n’a pas besoin d’insulter pour remporter une élection présidentielle. Et je ne pense pas qu’Idrissa Seck rassure les Sénégalais du fait de ses discours. Parce que les Sénégalais n’aiment pas les insultes. Un Président, il est élu pour un ou deux mandats, au maximum. Donc, de ce point de vue, je crois qu’on a besoin du pouvoir, mais on a besoin, aussi, d’une opposition tout aussi forte. Nous avons besoin d’une opposition forte, mais pas d’une opposition qui fait dans les invectives. C’est ça, qui est important. Nous devons donner la leçon, par l’exemple, à travers nos comportements et nos discours. Nous devons rassurer les Sénégalais, opposition comme pouvoir.
Le Président Macky Sall, personne ne l’a jamais vu en train de verser dans des insanités. Son discours a été toujours mesuré. Le Président Macky Sall, depuis qu’il est à la tête de l’Etat, on l’a traité de tous les noms d’oiseaux et c’est extrêmement grave. Parce qu’un président de la République, c’est la première Institution de ce pays, c’est le garant de la stabilité sociale et politique. Donc, il est important, véritablement, que nos amis de l’opposition sachent raison garder. Maintenant, il y a des dérives à tous les niveaux, des difficultés auxquelles on ne s’attendait pas. On ne reconnait plus la société sénégalaise. Malheureusement, aujourd’hui, c’est la quête au profit, sur fond de pratiques mafieuses.
SourceA : Pourtant, il y a des gens qui pensent qu’aujourd’hui, il est l’adversaire le plus plausible devant Macky Sall
Y.T : Comme depuis 2007, il est l’adversaire le plus plausible. Nous sommes en 2019 presque, 12 ans maintenant il est notre adversaire. Nous lui souhaitons qu’il le soit toujours, jusqu’à la fin du monde.
SourceA : On a constaté qu’à chaque sortie d’Idrissa Seck, il y a des responsables de l’APR qui se ruent sur lui et qui s’attaquent à l’homme…
Y.T : Ça, c’est le fruit de votre imagination, les gens exagèrent. Qui réplique ?
SourceA : C’est le constat ?
Y.T : Vous avez, déjà, entendu le Premier Ministre parler de ça ou bien le Président de la République ?
SourceA : Mais le Premier ministre souvent répond à Idy, Mimi Touré le fait aussi, presque tous les segments de l’APR répondent à Idy, qu’est-ce qui explique cela ?
Y.T : Je ne suis pas du tout d’accord. Quand un leader politique débite des contrevérités, nous sommes obligés de dire que ce sont des contrevérités. On ne va pas quand même laisser Idrissa Seck semer le doute dans l’esprit des sénégalais. On est obligés de faire comprendre aux sénégalais que ce que Idy dit et ce qu’il fait véritablement, n’est pas conforme à la réalité. Nous le respectons. On ne l’insultera jamais. Nous ne sommes pas sur ce terrain d’invectives et d’insultes. Parce que ce n’est pas ça, qui va développer le pays. Nous aurions préféré que, de temps en temps, même Idrissa Seck opposant et Macky Sall Président se rencontrent pour discuter. Et après, chacun ira de son côté, à la quête des suffrages des Sénégalais. Il ne doit pas y avoir une animosité entre Idrissa Seck et le Président Macky Sall. Notre vœu, c’est de pacifier l’espace politique qu’on puisse s’entendre. Quand il y a élection, maintenant, chacun ira de son côté. Nos enfants nous écoutent, nous suivent. On n’aimerait pas dire certaines choses sur Idrissa Seck, parce qu’il a de la famille. On doit tenir compte de ces paramètres, nous sommes des Sénégalais, des Africains, nous sommes des croyants, il est important qu’on veille sur certains principes. En tout cas, moi, personnellement, je ne me permettrai jamais d’insulter Idrissa Seck, ce n’est pas courtois, ce n’est pas poli, bien qu’on m’en a accusé, une fois. Peut-être que mon langage avait un peu débordé, mais je m’en excuse. Nous ne sommes que des êtres humains. Mais quand même, ce sont les Sénégalais, à commencer par vous les journalistes, qui doivent appeler Idrissa Seck à la raison. On peut critiquer. Mais s’en prendre à un père de famille. Nous ne sommes pas des occidentaux encore moins des soviétiques, il y a des paramètres qu’on doit prendre en considération, nous avons une religion extrêmement forte, la religion musulmane, la religion chrétienne. Ici, les catholiques et les musulmans vivent en intelligence. Donc, il faut qu’on cultive cette paix-là. Il faut qu’on apprenne à être ensemble.
SOURCEA