L’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été condamnée, vendredi 6 avril, par un tribunal de Séoul à vingt-quatre ans de prison dans le procès du retentissant scandale de corruption qui avait entraîné sa chute en 2017.

Première femme élue présidente en Corée du Sud, Mme Park, qui avait été destituée et arrêtée en mars 2017, a été jugée coupable de corruption, abus de pouvoir ou encore coercition par le tribunal du district central de Séoul qui lui a aussi infligé une amende de 18 milliards de wons. Le juge Kim Se-yoon a notamment affirmé que Mme Park avait contraint des entreprises sud-coréennes à verser des dizaines de milliards de wons à deux fondations contrôlées par sa confidente de l’ombre et « amie de 40 ans », Choi Soon-sil.

« L’accusée a illégalement usé de son autorité présidentielle à la demande de Mme Choi pour obliger des entreprises à donner de l’argent aux fondations », a affirmé le magistrat. « Les entreprises ont été contraintes de donner des sommes importantes d’argent et l’accusée a laissé Mme Choi contrôler les fondations alors qu’elle n’avait pas le droit de le faire ».

Des liens malsains entre politiques et conglomérats

« Les sommes que l’accusée a reçues ou demandées en collaboration avec Mme Choi s’élèvent à plus de 23 milliards de wons », a poursuivi le juge. La fille aînée du dictateur militaire Park Chung-Hee, qui avait accédé en 2013 à la fonction suprême en se drapant dans l’habit de l’incorruptible « Fille de la Nation », a été emportée dans un scandale qui a de nouveau illustré les liens malsains entre le pouvoir politique local et les grands conglomérats.

Le parquet avait demandé 30 ans de prison ainsi que 118,5 milliards de wons (89 millions d’euros) d’amende contre Mme Park, en estimant qu’elle devait porter, en sa qualité d’ancienne présidente, la responsabilité du scandale. Jugée de son côté dans un procès distinct, Mme Choi a écopé en février de 20 ans d’emprisonnement.

Mme Park est le troisième chef d’Etat sud-coréen à être condamné après la fin de son mandat, après Chun Doo-Hwan et Roh Tae-woo, qui furent reconnus coupables de trahison et corruption dans les années 1990.  MM. Chun et Roh bénéficièrent tous les deux d’une grâce présidentielle après avoir passés environ deux ans derrière les barreaux. Mais Mme Park pourrait bien attendre des années avant de connaître un tel privilège, estime Jeong Han-wool, expert au sein du think-tank Hankook Research.

(avec AFP)

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