En plein chaos politique, et dans le souci de rassurer les investisseurs, le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a nommé ce lundi 28 mai 2018 l’économiste Carlo Cottarelli au poste de président du Conseil. Son rôle sera de former un gouvernement dit « technique », pour amener vraisemblablement le pays vers de nouvelles élections.
Dimanche, le chef de l’Etat italien a fait tomber l’édifice d’un possible gouvernement Ligue-Mouvement 5 étoiles, sous la direction de Giuseppe Conte, en raison des orientations politiques de la personne choisie pour occuper le poste de ministre de l’Economie et des Finances, l’eurosceptique Paolo Savona.
Alors que Luigi Di Maio, chef de file du M5S, réclame la destitution du président de la République, et crie au déni de démocratie comme son allié de la Ligue, Sergio Mattarella est finalement passé à l’étape suivante ce lundi 28 mai, en chargeant Carlo Cottarelli de former une nouvelle équipe gouvernementale pour l’Italie.
Objectif : rassurer les marchés avec une orientation centriste, et proposer un gouvernement de courte durée, une équipe « technique », qui devra préparer de nouvelles élections. Le chef de l’Etat considère donc comme un échec la tentative de former une équipe sur la base des résultats des dernières législatives.
Carlo Cottarelli, 64 ans, est un ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), doublé d’un expert des comptes publics. Il est l’incarnation de l’austérité budgétaire, dit-on en Italie. On lui a même attribué le surnom de « Ciseaux » pour son rôle dans la réduction des dépenses publiques.
C’était en 2013-2014, dans le gouvernement d’Enrico Letta (centre gauche). Carlo Cottarelli avait quitté ses fonctions à l’arrivée au pouvoir de Matteo Renzi, avec lequel il ne s’entendait pas. Le président du Conseil l’avait alors nommé au FMI, au poste du directeur exécutif pour plusieurs pays dont l’Italie, Malte et la Grèce.
Un gouvernement «technique», neutre, mais pro-européen et sérieux sur le budget
Ce poste, le nouveau Premier ministre nommé l’occupera jusqu’au 2017, avant de diriger l’an passé l’Observatoire des comptes publics, un organisme rattaché à l’Université catholique de Milan. C’est à ce titre qu’il a plusieurs fois dénoncé les dérives financières du programme de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles.
Très remontées, ces deux formations ont fait savoir qu’elles n’accorderaient pas leur vote de confiance à la future équipe. Dans ce cas, « le gouvernement démissionnera (…) et sa mission principale sera de gérer les affaires courantes et d’accompagner le pays vers des élections », promet M. Cottarelli.
Mais de prévenir que dans ce cas, les législatives se tiendront « après le mois d’août ». « Je vais me présenter au Parlement avec un programme qui, si j’obtiens la confiance, inclura le vote du budget 2019. Ensuite, le Parlement sera dissous, avec des élections début 2019 », espère le Premier ministre nommé.
Le gouvernement, s’il obtient la confiance, restera neutre. « Je m’engage à ne pas être candidat aux prochaines élections et je demanderai le même engagement à tous les membres du gouvernement », a déclaré Carlo Cottarelli. En revanche, il promet « une gestion vigoureuse » des comptes publics du pays.
Et surtout, il s’engage dans les mois qui viennent, si l’aventure aboutit, à poursuivre une orientation résolument européenne et pro-euro. « Un dialogue avec l’Europe pour défendre nos intérêts est essentiel. Nous pouvons faire mieux qu’avant. Mais cela doit être un dialogue constructif », plaide-t-il.