Pour la première fois depuis près de soixante ans, ce n’est pas un membre de la famille Castro qui dirigera Cuba. Miguel Díaz-Canel a été élu ce jeudi 19 avril par le Parlement, à l’unanimité moins une voix : 603 sur 604. Le nouveau président s’est engagé jeudi à « poursuivre » la révolution, mais aussi les réformes économiques initiées par son prédécesseur.
C’est côte à côte que Miguel Díaz-Canel et Raul Castro sont entrés dans la Chambre des députés. Un symbole de continuité, comme l’a souligné le nouveau président dans son discours : « Durant cette législature, il n’est pas question de tenter une restauration capitaliste, a-t-il déclaré devant les députés. Cette législature défendra la révolution et poursuivra le perfectionnement du socialisme. »
Celui qui depuis trente ans a gravi tous les échelons du Parti communiste cubain a été très clair lors de son premier discours de président : l’héritage des frères Castro sera toujours l’alpha et l’omega de la politique à Cuba. Raul Castro reste d’ailleurs secrétaire général du tout-puissant Parti jusqu’en 2021.
« Pour affronter les difficultés auxquelles nous sommes confrontés au niveau national, il est important de souligner que les priorités ont été définies et inscrites dans les documents approuvés par le septième Congrès du Parti et soutenus par le Parlement », a souligné le nouveau président cubain.
Des documents qui fixent le cap jusqu’en 2030. Miguel Díaz-Canel continuera donc les réformes économiques enclenchées puis freinées par son prédécesseur. Des réformes sur lesquelles la population cubaine l’attend. Le nouveau président a d’ailleurs tout de suite cherché à rassurer les Cubains, affirmant qu’ils avaient toute leur place dans ce processus.
Changements en vue
Une page se tourne donc à la tête du régime cubain avec l’arrivée de cet homme formé par le Parti, le premier civil à occuper ce poste et surtout le premier à ne pas avoir participé à la révolution, précise notre envoyé spécial à La Havane, Romain Lemaresquier.
Autre annonce importante, l’élection de Salvador Antonio Valdez au poste de premier vice-président du Conseil d’Etat, le poste qu’occupait jusqu’à présent Miguel Díaz-Canel. C’est la première fois dans l’histoire de la révolution cubaine qu’un Afro-Caribéen occupe ce poste.
Il faut également souligner que trois femmes, dont deux Afro-Cubaines, ont également été élues parmi les cinq autres vice-présidents du Conseil d’Etat. Là encore, il s’agit d’une première.
En revanche, il faudra attendre le mois de juillet pour connaître la composition du gouvernement, ont confirmé le nouveau chef d’Etat et son prédécesseur. Les Cubains s’attendent d’ailleurs à des nominations très symboliques avec des femmes et des Afro-Caribéens à des postes clefs.
Le régime cubain semble s’être engagé dans la voie de la parité homme-femme en termes de représentation. Ainsi, 52 % des députés de la nouvelle Assemblée sont des femmes et cela devrait être la même chose concernant la représentation des Afro-Caribéens. Cuba veut être exemplaire en la matière et souhaite rétablir ce que beaucoup d’entre eux considèrent comme une injustice.