Le Procureur s’est frotté les mains, lorsque le prévenu Barthélémy Diaz a déclaré qu’il voulait rester en prison. «Cela nous facilite la tache», a réagi le Parquet qui a requis deux ans ferme contre le maire de Sacré-cœur Mermoz. Dans la foulée, Me Ousseynou Fall et son confrère Me El Hadj Diouf ont incendié le Maître des poursuites.

Ce n’est pas tous les jours que le Ministère public, Maître des poursuites, fait face à un prévenu qui soutient mordicus qu’il veut rester en prison. «Il nous facilite la tache. Son souhait est de retrouver son grand-frère Khalifa Sall en prison. Accédez à sa requête». Ce sont, en ces termes, que le Procureur de la République, s’est adressé au juge, lorsque Barthélemy Dias a dit qu’il veut rejoindre son frère Khalifa Sall en prison.

Le Procureur : «quand un magistrat est un prostitué au point de baisser sa culotte. Cette déclaration éclabousse tout le monde»

Le maître des poursuites est convaincu que les faits reprochés au prévenu sont avérés. Parlant de l’infraction présumée, relative à l’attroupement non-armé, il signifie au juge que Barthélémy Diaz a, lui-même, reconnu les faits. Seulement, le maire de Sacré-cœur Mermoz a attiré l’attention de la Cour sur le fait qu’il n’a fait qu’user d’un droit que lui confère la Constitution. Pour ce qui est de l’outrage à magistrat ou même du discrédit de l’Institution judiciaire, le Parquet a  dit qu’il se retrouvait dans ces propos. «Quand un magistrat est prostitué au point de baisser sa culotte. Cette déclaration éclabousse tout le monde. Au-delà du magistrat qui a rendu la décision, ce sont tous les magistrats qui sont concernés», commente-t-il. C’est dans cette logique que le Maître des poursuites a demandé au juge de condamner le prévenu à une peine de deux ans ferme. Ce qui a provoqué l’ire de la défense, notamment, de Me Ousseynou Fall.

Me Ousseynou Fall au Procureur : «la loi ne s’applique pas d’une manière bête et mécanique. Vous êtes l’Avocat de l’Etat. Vous allez la boucler. Taisez-vous !»

Pas moins d’une vingtaine d’avocats se sont constitués pour le maire de Sacré Cœur Mermoz. Chacun y est allé de son avis concernant le réquisitoire du procureur. Me Amadou Sall a tenu à dire au Procureur qu’il ne pouvait pas se retrouver dans les propos du prévenu. Il rappelle que les mêmes propos ont été tenus par «Macky Sall, candidat à la Présidentielle, qui a demandé à l’Armée d’aller déloger Me Abdoulaye Wade». D’autres Avocats ont eu à faire la comparaison avec certaines critiques émises, ces derniers temps, à l’encontre de la Magistrature par des personnalités de haut rang. Le nom de Moustapha Cissé Lo a été, ainsi, cité. Ce qui faire dire à la défense qu’il y a une justice des vainqueurs avec un pPocureur qui ne s’autosaisit que contre les opposants. Ce qui fait dire à Me El Hadji Diouf que «le Procureur de la République est le plus manipulé de la justice». Jusque-là, le Parquet  a tenu le coup. Par contre, lorsque Me Ousseynou Fall s’est levé de son siège, pour faire sa plaidoirie, le ton est monté d’un cran. «La loi ne s’applique pas d’une manière bête et mécanique. Vous êtes l’Avocat de l’Etat». Ces remarques ont fait sortir le Procureur de ses gongs. «Vous allez la boucler. Taisez-vous. Monsieur le Président, ramenez-le à l’ordre», ajoute Me Fall. «Jusque-là, le débat a été serein. Je ne permettrai pas que, sous prétexte qu’on défend son client, on se permette de m’insulter», rétorque le Procureur. Les deux protagonistes pouvaient même en venir aux mains,  n’eut été l’intervention des autres Avocats.

Le verdict de ce procès, qui se dessine comme le prolongement de l’affaire Khalifa Sall, sera connu le 17 avril prochain.

Omar NDIAYE

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