Le parrainage sera l’un des moyens, parmi d’autres, que les autorités vont mettre en œuvre pour limiter le nombre des partis politiques dont l’effectif atteint aujourd’hui quelque trois cents unités. Dans la réalité, il y en a moins, même si la quantité demeure impressionnante. Beaucoup sont sans activité aucune depuis des lustres mais restent dans les dossiers de l’administration. Par ailleurs, ces organisations servent plus  de moyen de communication et de légitimation de la prise de parole dans l’espace public qu’elles ne sont des concurrentes aux différentes élections.

Pourquoi est-il devenu si urgent d’introduire le parrainage des candidats alors que l’absence de cette mesure n’avait pas créé de dysfonctionnement majeur dans le déroulement des différentes consultations populaires ? On invoque le nombre extravagant des quarante-sept listes en compétition aux législatives de l’année dernière pour exiger de soumettre les éventuels candidats à cette épreuve qui, dans l’esprit de se initiateurs, est  plus éliminatoire que qualificative.

Certes, on avait exagéré l’année dernière, mais sans avoir enfreint la loi d’aucune sorte. En obligeant les députés de voter pour faire obstacle au droit d’association des citoyens (ce que la majorité fera en application de la suprématie du parti), le pouvoir ne cache plus qu’il est en train de pervertir un système qui, en deux alternances, montre sa capacité à s’améliorer en renforçant ses réussites et en corrigeant ses fautes.  L’une de ces fautes a été le parrainage (tiens, tiens !) de plusieurs listes par des sponsors qui avaient intérêt à faire éclater le vote. Le mode de scrutin en vigueur aux législatives se charge du reste. L’écart est amplifié entre les vainqueurs auxquels sera attribuée une majorité excessive tandis que la minorité est accablée par une répartition inéquitable des sièges.

Alors, pourquoi prendre le risque de déstabiliser la paix civile alors qu’il ne s’agit que de chasser des ombres ?’ Le régime précédent, sous Abdoulaye Wade, avait perçu  l’ampleur du phénomène de la pléthore des partis sans toutefois s’en inquiéter autant que maintenant. C’est que la concurrence a changé de profils et il est il n’est pas absurde d’envisager que les résultats cumulés de l’ensemble des candidats de l’opposition dépassent  les 50% et forcent le président sortant à aller au second tour. Ce serait alors le saut dans l’inconnu. Plus précisément  dans une bataille que ses deux prédécesseurs ont engagée et perdue.

Ce n’est un hasard si les autorités agissent avec vigueur et décision pour écarter ce risque alors que nous ne sommes plus qu’à moins d’un an du premier tour de scrutin. Macky  Sall qui était le directeur de  campagne de Wade connaît le stress et le doute que génère cette situation. C’est il procède comme sur un terrain des opérations. Il commence dès les élections locales de 2014 par un pilonnage soutenu de l’opinion pour attirer son attention sur la prolifération des partis qui constituerait une menace contre la démocratie et une source d dépenses injustifiées pour les finances publiques. Le terrain ainsi « terrassé », l’assaut est  maintenant lancé. Le vote d’une loi ad hoc va parachever le travail.

La situation qui va se créer imposera aux  candidats de montrer patte blanche pour prendre  part à la course. Une élection à péage, en quelque sorte, qui ne sera ouverte qu’à ceux qui présenteront  65 000 signatures d’électeurs en règle, soit 1% du corps électoral. S’ouvrira une période de questions  et de contestations à propos des modalités  et de la validation des parrainages. Sans parler de la mobilisation et des dépenses supplémentaires occasionnés par la collecte des signatures. Déjà certains secteurs de l’opposition expriment leur désaccord, ce qui dresse un cadre pour contentieux  préélectoraux  bien précoces.

Mame Less Camara

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