Ce lundi 9 avril à 6h, l’opération d’expulsion des occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a débuté, près de trois mois après l’abandon du projet d’aéroport, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Environ 2 500 gendarmes sont mobilisés face à quelque 250 « zadistes ». De premiers affrontements ont eu lieu et le premier bilan fait état de dix squats démantelés et de six personnes expulsées.

L’opération d’expulsion des occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qui a débuté lundi à 6h, vise à déloger « une centaine » de personnes, a affirmé le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Une quarantaine « d’édifices » doivent également être démantelés par les gendarmes mobilisés, a ajouté le ministre sur la radio Europe 1.

En fin de matinée, « dix squats ont été démantelés, sept l’ont été et trois sont en cours, les autres étaient vides. Six personnes ont été expulsées sur un même squat », a déclaré la préfète de la région Pays de la Loire Nicole Klein, lors d’une conférence de presse, ajoutant que l’objectif de démanteler une « quarantaine de squats » sur 97 était « presque atteint » et que l’opération était « parfaitement dans les règles »

Lors de cette opération, une dizaine de tracteurs « vigilants » ont bloqué la route, ainsi que des meules de foin et des poteaux électriques déplacés par les « zadistes ». Les gendarmes ont répondu à des jets de projectiles et de cocktails Molotov par des tirs de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Une barricade a été incendiée par les zadistes pour ralentir l’avancée des forces de l’ordre. Un peu plus à l’ouest, sur la route départementale, des barrages de pneus et de paille, prêts à être enflammés, ont été érigés.

Une première interpellation a eu lieu suite à des tirs de projectiles pour violences sur agent de la force publique, selon des sources proches du dossier. Un gendarme a été blessé à l’oeil suite à un tir, selon le ministère de l’Intérieur.

2 500 gendarmes face à 250 « zadistes »

Les gendarmes mobiles en position face aux «zadistes» à Notre-Dame-des-Landes, le 9 avril 2018.REUTERS/Stephane Mahe

Une force d’environ 2 500 gendarmes est mobilisée sur plusieurs jours face à quelque 250 « zadistes » dans cette zone de la région nantaise. Dès 3h du matin, la gendarmerie avait procédé à des opérations de maintien de l’ordre sur la « route des chicanes » (la départementale 281) où des barricades ont été incendiées, ont constaté des journalistes AFP.

« Les occupants illégaux avaient été invités à partir d’eux-mêmes d’ici la fin de la trêve hivernale(31 mars, NDLR). Certains ont accepté le dialogue avec la préfète, portent un projet agricole dans la légalité et régularisent leur situation : ils ont alors le soutien du gouvernement », a expliqué le ministère de l’Intérieur. « Tous ceux qui ne s’inscrivent pas dans le cadre de la légalité devront quitter les terrains rapidement », avait parallèlement affirmé dimanche le Premier ministre, Édouard Philippe, dans une interview au Parisien.  Le « retour de l’Etat de droit à Notre-Dame-des-Landes, cela fait plus de dix ans qu’on attend cela », a estimé sur France 2 le secrétaire d’État à la Transition écologique Sébastien Lecornu après le début des opérations pour expulser les occupants illégaux de la ZAD.

Appels à la résistance

« Notre colère est ce matin profonde face au lamentable gâchis que représente la destruction engagée des maisons et espaces de vie que nous avons construits ici (…) nous ne partirons pas », ont annoncé les zadistes dans un communiqué. « Ces expulsions sont illégales », a déclaré une occupante de la ZAD se faisant appeler « Camille » à l’AFP. « C’est inacceptable que l’Etat chasse les gens de chez eux. On appelle tous les gens à résister nous soutenir et rejoindre les rassemblements locaux. On était dans un cadre de négociation apaisée avec la préfecture à la recherche de solutions collectives », indique-t-elle encore.

« Le gouvernement est irresponsable, a vivement réagi Eric Coquerel sur RFI. En réalité c’est une utilisation par rapport à d’autres conflits intérieurs. Il veut mettre des images, espère-t-il violentes, pour faire peur aux gens, pour montrer qu’il est là, qu’il est fort, qu’il a des muscles, qu’il se défend et qu’il résistera jusqu’au bout, avant le conflit cette semaine des cheminots qui va encore être à la une de l’actualité. »

L’opération démarrée ce 9 avril est la première de grande ampleur depuis l’automne 2012. Cette dernière tentative d’évacuation massive des occupants, baptisée « opération César », avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d’un millier de gendarmes et policiers.

(avec AFP)

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