Le 20 février dernier, onze personnes ont perdu la vie dans une collision entre deux véhicules. L’un, en partance pour Porokhane, dans le département de Nioro du Rip ; l’autre, revenant de cette cité religieuse.
En marge de la visite qu’il a rendue aux blessés acheminés au Centre hospitalier régional, El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement avait annoncé la décision du Gouvernement d’interdire toute circulation interurbaine de véhicules entre 22heures et 6 heures « dans les semaines à venir ».
Mais ce lundi, rebelote ! Car, venu présider l’atelier de lancement des activités de la Cellule genre de son Ministère, Abdoulaye Daouda Diallo a été moins catégorique. Et a dit qu’aucun Arrêté n’a été pris dans ce sens.
«La mesure visant à interdire la circulation interurbaine, de 22h à 6H du matin, devait, selon le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, être effective dans les semaines à venir». Abdoulaye Daouda Diallo a fait cette déclaration, le 21 février, au lendemain de l’accident, qui a coûté la vie à 11 de nos compatriotes, dans un contexte marqué par la célébration du «Magal» de Porokhane.
Aujourd’hui, l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique est moins affirmatif sur le sujet. Abdoulaye Daouda Diallo révèle qu’aucun Arrêté, allant dans ce sens, n’a été pris. «C’est une mesure qui a été arrêtée. Nous sommes en train de discuter avec les acteurs concernés. Je crois que nous aurons un compromis, qui nous permettra d’avoir ces accidents malheureux qui surviennent essentiellement la nuit», dit-il.
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement rappelle qu’il y a six mois, un Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre, a été tenu sur la question des accidents ; qu’un certain nombre de mesures, exactement dix, ont été prises pour lutter contre le phénomène des accidents. Par contre, les transporteurs sont moins optimistes.
Une approche décriée par les transporteurs
Le Gouvernement du Sénégal a, semblerait-il, mis la charrue, avant les bœufs, en annonçant l’interdiction de la circulation interurbaine, pour lutter contre la recrudescence des accidents de la circulation. Une prohibition qui n’est pas, pour le moment, effective. Avant de l’être, les acteurs concernés, à savoir l’Etat, les transporteurs et les chauffeurs devront, d’abord, discuter. D’ailleurs, une rencontre, relative à ces pourparlers, s’est tenue, mardi dernier, dans les locaux du Ministère de tutelle.
Dans les coulisses d’un réunion secrète entre le Directeur des Transports et les responsables syndicaux
Cette rencontre, non ouverte à la presse, a été présidée par le Directeur des Transports terrestres. Le Syndicat des Routiers du Sénégal, qui polarise différents types de transporteurs (TATA, Taxis, Ndiaga Ndiaye), a même décidé de bouder la rencontre. Le Secrétaire général, Gora Khouma, a plusieurs adjoints, dont Bocar Sy qui s’occupe des TATA. Ce dernier estime que ministre devait leur demander leur avis, avant de prendre une quelconque mesure. SourceA a pu, tout de même, joindre une personne qui a assisté à la rencontre.
Makhtar Lame Dièye, qui a, sous son autorité, les Cars « Ndiaga Ndiaye », fait lui aussi partie du Syndicat des Routiers du Sénégal, affilié à la CNTS. D’après lui, tous les Syndicats ont refusé de s’accorder autour de la proposition du ministre. D’ailleurs, il nous confie que ce dernier considère qu’on a mal interprété ses propos.
Ces contradictions entre le ministre et les acteurs montrent qu’il y a encore beaucoup de chemins à parcourir, pour parvenir à un accord. L’une des mesures fortes préconisée par le Gouvernement est l’instauration des permis à point. Dans tous les cas, le bilan des accidents de la route devient, de plus en plus, meurtrier. La preuve, en 201, pas moins de 600 Sénégalais ont perdu la vie dans ces circonstances.
Omar NDIAYE