C’est un adepte du verbe bas, de l’injure et de l’invective. Pour exister dans le champ politique où se construisent et se déconstruisent les mythes, le Président du Parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Moustapha Cissé, a une arme favorite : accabler de ses sarcasmes tous ses contradicteurs, avec un vocabulaire de rue. Souvent, dans la foulée, il brûle le ciel, si l’envie de dégainer son pistolet et de tirer l’en démange. Sa dernière sortie contre les magistrats sénégalais et qu’il cherche, vainement, à ravaler, avec une plainte en l’air contre SourceA a inspiré votre journal à retracer certains des actes ô combien lourds (votre journal ne saurait en être exhaustif) posés à l’endroit du Président de la République, des journalistes, des dignitaires religieux, des acteurs politiques (Mouvance présidentielle et Opposition) par le responsable de l’Alliance pour la République. Et, pour les Livres d’Histoire, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, en dépit de toutes ces forfaitures, Macky Sall semble avoir montré les limites de sa capacité à trouver la clé aux dangereux errements de «Baay Ganaar».
Son gestuel et son débit en disent long sur l’homme. Moustapha Cissé Lô, qui fait de la démesure, dans le verbe, sa principale tasse de thé, adore surfer sur son domaine de prédilection : accabler de ses sarcasmes ses contradicteurs. Et, nul n’échappe à son vocabulaire ordurier.
En 2012, déjà, c’était l’over dose, avec El Pistoléro
Dès Mars 2012, le responsable de l’Alliance pour la République fait ce que nul ne croyait imaginable : utiliser, grossièrement, en public, des propos, qu’il tenait en direction du Président de la République, Macky Sall, et de son prédécesseur Abdoulaye Wade. SourceA, par souci de responsabilité, n’entend pas et ce, même en rêve, coucher, exactement, ce que Moustapha Cissé Lô disait, à l’époque, au sujet d’un poste de Ministère d’Etat que l’ancien Chef de l’Etat lui avait promis, via un certain Thierno Lô. Une sortie surréaliste qui a fait le tour du monde.
En 2012, Moustapha Cissé Lô insulte Moustapha Sow, Dirpub de l’Office d’alors
Toujours en 2012, Moustapha Sow, Directeur de publication du quotidien l’Office, faisait les frais de Moustapha Cissé Lô. Qu’il avait injurié, sans retenue, puis menacé. A l’époque, la victime avait saisi le Collectif des diffuseurs et éditeurs de presse qui avait promis de saisir la justice. Malheureusement, cette plainte dudit Collectif ne saurait, nullement, freiner les ardeurs du responsable du Parti présidentiel.
En 2014, pour avoir abreuvé d’injures et d’insanités de toutes sortes Serigne Abdou Fatah Mbacké, fils du très vénéré Serigne Fallou Mbacké, El Pistoléro…
Mais c’est en 2014, que le responsable de l’Alliance pour la République de Touba pose l’acte de trop, qui lui aura valu une lapidation sans commune mesure. C’est cette année-là que Moustapha Cissé Lô, inspiré par on ne sait pas qui, a, littéralement, abreuvé d’injures et d’insanités de toutes sortes Serigne Abdou Fatah Mbacké, fils du très vénéré Serigne Fallou Mbacké, qui, quelques jours auparavant, l’avait déclaré persona non grata, lors de la cérémonie officielle du «Magal» de Kazou Rajab. La suite, tout le monde la connaît : deux villas, une boulangerie et un véhicule du parlementaire ont été saccagés et incendiés. Des arrestations ont été, plus tard, enregistrées auprès de certains fidèles de la famille de Feu le vénéré Serigne Fallou Mbacké.
Les animateurs de la Tfm, copieusement, insultés
Un an plus tard, Moustapha Cissé Lô refait parler de lui. Pour ce faire, il monte au créneau et traite les animateurs de la Tfm de tous les noms d’oiseaux. Dans un article daté du 21 septembre 2015, le responsable marron-beige explique : «mes fils sont meilleurs que ces gens-là qui m’attaquaient sur la télévision de Youkhou Ndour. Ce sont des alcooliques qui se payent les f… d’autrui. Je suis meilleur que leurs p…, leurs m… et leurs t…».
Aïda Mbodj a subi les sarcasmes du député marron-beige, en pleine plénière à l’Assemblée nationale
Et, ce jour-là, lorsqu’il avait dérapé de la sorte, personne n’avait rien dit. Ce qui fait que le 27 novembre 2016, El Pistoléro s’attaque, avec une violence inouïe, l’honorable députée Aïda Mbodj. Non sans la menacer, de manière ouverte et en live. Les propos que Moustapha Cissé Lô avaient tenus, à l’époque, SourceA préfère les taire.
Moustapha Cissé insulte les journalistes du Baol : «allez-vous faire f… Quittez ma maison, je n’ai plus rien à vous dire. Ne me prenez plus, j’ai d’autres médiums dans lesquels je peux m’exprimer»
Autre dérapage du vice-président de l’Assemblée nationale : en mars 2016, il a convoqué les correspondants de la presse à son domicile pour les insulter copieusement. Ce jour-là, il était entouré de ses gardes du corps armés jusqu’aux dents et du comité électoral de BBY. «Ce qui se passe au Sénégal est inadmissible, voilà une presse qui ne s’intéresse qu’à des frasques et des informations people qui n’ont aucun sens», avait-il fait feu sur les journalistes.
Poursuivant, Moustapha Cissé Lô appuie encore sur la gâchette, puis tire en ces termes : «c’est des menteurs qui me poursuivent pour dire du mal de moi et de ma famille. Lorsqu’on a brûlé ma maison à Touba, je faisais les choux gras de la presse et des réseaux sociaux. Je fais l’objet de médisance et de calomnie de la part de journalistes qui sont payés par des adversaires politiques. Ce qui a été dit sur l’affaire de la fusillade est contraire à la réalité. Je n’ai jamais tiré de balles. Arrêtez vos mensonges et soyez respectueux envers les hommes. Vous n’êtes que des corrompus, vous n’avez pas de salaire proportionnel au rythme de vie que vous menez. Ce pays ne vous appartient pas», disait-il dans des propos relayés à l’époque par Le Populaire.
S’ensuivent des échanges de propos entre lui et les journalistes. Qui lui balancent : «si tu continues les insultes, on arrête et on s’en va», s’exclame le correspondant de l’Obs. Mais c’était sans compter avec le député, qui, «ivre» de colère, balance aux confrères : «allez-vous faire f… Quittez ma maison, je n’ai plus rien à vous dire. Ne me prenez plus, j’ai d’autres médiums dans lesquels je peux m’exprimer».
Entre juin et août 2017, Me El Hadj Diouf et Serigne Assane Mbacké, insulés en live
En juin 2017, Moustapha Cissé Lô, dans une gueule de bois indescriptible, insulte, littéralement, lors de l’émission Quartier Général sur la Tfm, le député Me El Hadj Ousseynou Diouf. Deux mois plus tard, il se remet au boulot. En insultant le jeune Serigne Assane Mbacké, responsable du Parti démocratique sénégalais à Touba. Et comme si cela ne suffisait pas, il va jusqu’à remettre en cause son appartenance à l’arbre généalogique du fondateur du «Mouridisme».
En février 2018, Ousmane Sonko et Idrissa Seck font ses frais
Refusant de s’en arrêter là, Moustapha Cissé Lô se fait, encore, distinguer. On est en décembre 2017, quand le responsable du Parti présidentiel dit tout le mal qu’il pense d’un autre marabout, en l’occurrence Abdou Khoudoss Mbacké. Qu’il accuse, même, de voleur, de m…, d’escroc… Malheureusement, là, également, nul ne se lève pour freiner l’homme à la gâchette facile.
En février 2018, Moustapha Cissé Lô insulte l’ancien Inspecteur des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko, devenu député durant la 13ème Législature. C’est au détour de l’émission Sen Jotay sur Sen Tv. Toujours en février 2018, il insulte le chef de file de «Rewmi», Idrissa Seck. A cet effet, dans une vidéo, le responsable Apr accuse l’ancien Premier ministre de voleur et de dealer. Là aussi, nul ne s’en émeut. Ou, du moins, officiellement.
Enième sortie du Président de la Cedeao et pas si certain qu’elle soit sa der des der : les tirs nourris envers la Justice sénégalaise, vendredi 09 mars 2018. Moustapha Cissé Lô, en marge d’une visite à la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel, où il a offert aux détenus 10 millions de F Cfa pour l’achat de ventilateurs, de matelas et de réfection des toilettes, le responsable Apr s’est, virulemment, attaqué aux magistrats. Sur ce sujet, il a pesté : «tous les citoyens ne sont pas traités au pied d’égalité au niveau de la Justice. Les enfants des personnalités commettent, souvent, des choses répréhensibles, mais ils ne sont pas emprisonnés.
C’est presque leur jeu favori. Il y a une personne habitant Touba qui a détourné une centaine de millions appartenant à la dame Oumy Thiam, mais, malheureusement, elle continue de vaquer, librement, à ses occupations.
Poursuivant son réquisitoire de feu contre les magistrats, le député de l’Alliance pour la République d’embrayer en ces termes : «ceux qui mettent les gens, ici, ont leurs parents. Si leurs parents ont fauté, ils font tout pour protéger leurs parents, leurs fils, leurs neveux et ils mettent les gens dans des conditions inacceptables». Dans la foulée, le Président du Parlement de la Cedeao de pester : «c’est une révolution. Je ne suis pas d’accord avec ces conditions. Je suis d’accord qu’on laisse la loi prospérer, qu’on puisse appliquer la loi, mais pas qu’on mette les gens dans des conditions inacceptables».
«Je suis contre cette forme de détention, parce qu’on exagère, parce que je ne saurais accepter qu’on mette des gens dans des paquets comme des sardines»
Moustapha Cissé Lô de dire : «je lance un appel à toutes les bonnes volontés de venir en aide aux prisons. Il faut sensibiliser les populations, pour qu’elles puissent savoir que tout un chacun n’est pas l’abri de ce qui se passe, ici. Tout le monde peut tomber dans les liens de la prévention et arrivé, ici, un jour ou l’autre, il faudrait qu’on puisse mettre les détenus dans des conditions humaines, des conditions de confort, pour que ces gens qui subissent la privation de la liberté, puissent jouir d’une vie décente, d’un minimum de confort».
Il n’y a pas d’enrichissement illicite au Sénégal, les Sénégalais vivent, dans leur globalité, de «ribaas» ; moins de 1% échapperaient à la prison, si…
Après avoir tenu de tels propos, Moustapha Cissé Lô a eu le toupet d’accuser SourceA et son correspondant à Diourbel de menteurs. Non sans brandir une plainte. Or, lorsqu’il a été interpellé à sa sortie de la Mac de Diourbel, par la presse, le responsable Apr a dit pire. Car il a ajouté qu’il n’y a pas d’enrichissement illicite au Sénégal. Les Sénégalais, a-t-il laissé entendre, vivent, dans leur globalité, de «ribaas». D’ailleurs, toujours dans ses diatribes, le tonitruant parlementaire de marteler que si on décidait que tous les gens, qui ont des biens illicites devaient aller en prison, seuls moins de 1% resteraient libres dans ce pays.
SourceA s’attire les foudres du parlementaire et envoie ses lecteurs à cliquer sur actusen.com et sourceainfo.com, pour réécouter Cissé Lô
Mais puisque votre journal préfère aller vaquer à du plus ô sérieux, plutôt que de se soucier des menaces de plainte du responsable du Parti présidentiel, tous ceux qui veulent savoir les propos que le Président du Parlement de la Cedao a tenus envers la justice, ou si votre journal a raconté des bobards, dans son compte-rendu, dans son édition de samedi 10 mars, peuvent cliquer sur Actusen.com ou sur Sourceainfo.com, la version électronique de SourceA. Alors, à Moustapha Cissé qui a joint, par téléphone, le correspondant de votre canard, pour le menacer d’une plainte, celui-ci lui dit bingo ! En attendant, il urge de se demander qui pour arrêter l’homme ? Question légitime, si l’on sait que Macky Sall, Président de la République, semble être impuissant pour stopper son camarade marron-beige.
Issiaka TOURE