Les partisans de Vladimir Poutine se sont rassemblés à deux pas du Kremlin pour fêter la victoire dès le premier tour de leur champion, dimanche 18 mars. Le président a été réélu triomphalement à la tête de la Russie, pour 6 années de plus, avec un score aux allures de raz de marée : près de 76,7 % des voix. Une victoire sans appel, malgré une participation en dessous des attentes du Kremlin, aux alentours des 67 %.
La participation à l’élection présidentielle en Russie est inférieure à l’objectif de 70% que s’était assigné le président, mais reste cependant à un niveau honorable et de deux points supérieurs au taux de participation de l’élection présidentielle de 2012, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot.
Vladimir Poutine n’a donc pas totalement remporté son pari, mais il sera tout de même difficile de dire que les électeurs ont boudé les urnes. Il faut dire que les autorités russes avaient déployé des moyens très importants pour mobiliser les électeurs.
Des ONG dénoncent des fraudes et des votes contraints
Des moyens pas toujours légitimes, d’après l’opposition et des ONG, qui dénoncent des milliers d’irrégularités, visant surtout à augmenter la participation. L’ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections a relevé plus de 3 000 cas de fraudes, explique notre envoyée spéciale à Moscou, Anastasia Becchio.
C’est dans un loft de la capitale qu’une soixantaine de bénévoles de Golos recueille les informations des milliers d’observateurs déployés à travers le pays. Il y a des témoignages de bourrages d’urnes, quelques votes multiples, mais la principale irrégularité relevée c’est le vote contraint, facilité par la possibilité de voter en dehors de son bureau de vote habituel, ce qu’on fait plus de 5 millions de personnes, selon Golos.
« Les autorités prennent toujours le contrepied de ce que fait l’opposition »
Vitaly Averin, l’un des responsables de l’association l’affirme : « un signal avait été donné d’en haut. Ça n’est un secret pour personne : il y avait eu des réunions au Kremlin, qui avait fixé un objectif à atteindre en termes de taux de participation et en termes de résultat pour le favori de la course électorale. Il a donc fallu remplir ces objectifs ».
Une action des autorités motivée en partie par les appels de l’opposant Alexei Navalny à boycotter le scrutin, explique le directeur de Golos, Grigori Melkoniants : « les autorités prennent toujours le contrepied de ce que fait l’opposition et surtout de ce que fait Alexei Navalny ». C’est pourquoi, « les autorités se sont mises à faire pression sur les électeurs en disant « ah vous nous dites que personne n’ira voter mais nous, nous allons vous prouver qu’il y aura un fort taux de participation » ».
Quoiqu’il en soit, dimanche soir, lors de son discours de victoire devant ses partisans réunis à quelques encablures du Kremlin, Vladimir Poutine est apparu très souriant, visiblement heureux de ce résultat, a constaté Daniel Vallot.
« Cette victoire, c’est une marque de confiance et c’est l’espoir de notre peuple pour l’avenir et pour nos enfants », a-t-il notamment déclaré devant ses partisans en liesse. Le président s’est contenté, comme à son habitude, d’un discours très bref de quelques minutes.
Une fermeté à l’international appréciée des Russes
Vladimir Poutine n’a toujours pas révélé ce qu’il va faire de son quatrième mandat. Sur les relations internationales, on peut s’attendre à ce qu’il poursuive dans la voie de la fermeté et de la confrontation avec l’Occident.
Une posture qui réussit à Vladimir Poutine sur le plan intérieur. Une majorité de Russes applaudit l’annexion de la Crimée bien sûr, mais aussi l’intervention en Syrie. Et cela explique largement son succès dans les urnes.
Quelles orientations économiques ?
La grande inconnue en réalité, c’est l’économie. L’économie russe est à la peine en raison des sanctions notamment, mais aussi de son incapacité à se réformer. Au sein de l’entourage de Vladimir Poutine, il y a débat entre les partisans d’un Etat interventionniste et ceux de réformes de fond pour aider le secteur privé. Vladimir Poutine, va-t-il trancher dans les prochains mois sur cette question ? Ce sera sans doute le grand enjeu de ce quatrième mandat.